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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 23:30

La lecture du dimanche

 

J'ai découvert Thierry Jonquet l'an dernier et depuis je suis bien décidée à faire le tour de l'oeuvre de l'auteur! J'avais ce titre dans ma PAL depuis quelques mois, et comme nous cherchions un titre pas trop long en ces temps mouvementés, Stéphie se l'est procuré afin d'en faire notre lecture du dimanche.

 

 

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L'histoire :

 

Frédo travaille dans un hôpital spécialisé en gériatrie, un mouroir en somme. Son métier? Pousser des chariots pour emmener les patients de leur chambre aux salles de soin. L'admission de Lepointre à l'hôpital va changer sa vie. Ce dernier n'est pas comme les autres, il n'est pas sénile. Au contraire, il utilise son intelligence pour monter des coups foireux. Alors, lorsqu'une patiente richissime arrive à l'hôpital, il décide de monter le coup du siècle. En effet, un garde du corps reste en permanence dans sa chambre car elle y détiendrait quelque chose de précieux. Frédo et Lecointre mènent l'enquête et prépare leur coup. Ils pensent avoir tout prévu... Mais tout bascule au dernier moment...

 

Encore du grand, du très grand Jonquet! C'est sombre, c'est noir, cynique à souhait... Nous voilà plongés dans un hôpital pour "vioques", les débris du titre ce sont eux, et derrière le masque on peut reconnaître une mémère : quand un vieux se casse une jambe, quand il se fait renverser par un bus, ou quand il avale le pommeau de sa canne pour en finir, on l'amène dans mon hosto. Pour qu'il crève!  En fait d'hôpital, ce serait plutôt la salle d'attente du cimetière. [...] Direction la chambre, la visite, les rayons, la rééducation : au bout du circuit, le cercueil. En face de la grande entrée, un magasin de pompes funèbres nous réjouit la vue, de sa façade aguicheuse. Le croque-mort sourit à ses futurs clients, lorsqu'ils passent devant son échoppe. Une vision terriblement effrayante de la vieillesse, sans concession, où l'ironie atteint des sommets et pourtant, une vision réaliste - malheureusement. Alors le narrateur - Frédo - prend les choses avec humour car on l'aura compris, travailler dans un tel endroit n'est pas facile et prendre du recul est nécessaire si on ne veut pas finir dépressif. Et puis, il y a l'intrigue policière, excellente comme toujours avec Jonquet. Le lecteur n'est jamais au bout de ses surprises, et grâce au cadre, les situations rocambolesques s'accumulent. Frédo et Lecointre ont décidé de profiter de la soirée du bal pour mener à bien leur vol. Mais rien ne se passe comme prévu! Et dès lors, le suspense est à son comble... et je n'avais qu'une envie : tourner les pages pour savoir jusqu'où allait nous emmener l'auteur. J'ai vu se dessiner la fin quelques pages avant, il faut dire que je commence à connaître les mécanismes de Jonquet. Mais ça marche, comme toujours!

 

Alors je me dis : vivement le prochain!

Et j'espère que Stéphie se dira la même chose! Je m'empresse donc d'aller lire son avis!

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29 septembre 2010 3 29 /09 /septembre /2010 06:36

Je n'avais encore jamais lu cet auteur, j'avais donc le choix parmi de nombreux titres... Pour me décider, je suis allée lire les résumés ainsi que les commentaires sur amazon, et c'est ce titre qui a retenu mon attention. Et comme Stéphie m'a confirmé que c'était un excellent choix, je n'ai pas hésité, il a aussitôt rejoint ma PAL!

 

 

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L'histoire :

 

Simple est déficient mental. Il a vingt-deux ans mais il se comporte comme un tout jeune enfant. Simple a pour ami un lapin en peluche, appelé Monsieur Pinpin.  Un lapin, qui, dans les délires de Simple prend vie. Mais Simple est un fardeau pour son père, surtout depuis qu'il a décidé de refaire sa vie. Alors Simple a été placé à Malicroix, une institution spécialisée. Sa mère étant morte, il ne peut compter que sur son jeune frère Kléber, lequel décide de prendre en charge Simple qui se meurt de chagrin à Malicroix. Mais vivre avec Simple n'est pas si simple lorsqu'on est un jeune lycéen. Après un passage rapide chez l'une de leurs tantes, Kléber trouve une colocation avec quatre étudiants. Mais là encore rien n'est simple, et il faudra à chacun un temps d'adaptation, un temps pour apprendre à connaître Simple et à l'apprécier...

 

Quel joli roman sur l'amour fraternel et le handicap! Le thème abordé est difficile, délicat, grave mais il prend une toute autre dimension sous la plume de Marie-Aude Murail. Simple est un personnage très intéressant. Handicapé mental, il est bien souvent pénible aux yeux de son entourage, il accumule les bêtises, comme lorsqu'il casse les montres pour vérifier s'il y a des beaud'hommes dedans. Et pourtant, c'est un personnage qui inspire la tendresse, on a envie de sourire à chacune de ses nouvelles facéties qui révèle en fait son intelligence : une logique à toute épreuve, bien que différente de la nôtre. Ce personnage est drôle donc, mais également touchant : le fait de le voir rejeté successivement par sa famille, par ses colocataires, et même par ses voisins inspire au lecteur une profonde compassion. Même si l'on comprend à quel point Simple peut être usant, la réaction du père est particulièrement révoltante.

 

Au contraire, le personnage de Kléber nous montre que la générosité existe, que l'on a beau avoir dix-huit ans et être en pleine découverte des relations amoureuses, un frère n'en reste pas moins important, fut-il débile aux yeux des autres. Kléber m'a beaucoup touché lui aussi, il est si jeune, et pourtant, il a déjà un sens du sacrifice. Le bien - être de son frère passe avant tout et il est hors de question qu'il retourne à Malicroix. Alors, bien évidemment, il y a des moments où Kléber baisse les bras, parce que c'est une charge bien trop lourde pour ses jeunes épaules. Mais il se relève chaque fois, et on sent combien Simple est important à ses yeux.

 

Alors ce récit aurait pu être grave, avec une ambiance plombée. Et pourtant, c'est un vrai bonheur. D'abord, parce que Marie-Aude Murail dresse le portrait d'une joyeuse bande d'étudiants, que la présence de Simple parmi eux donne lieu à des quiproquos et à des situations cocasses vraiment délicieuses. Mais surtout parce que c'est le récit de l'acceptation. Simple parvient à faire sa place petit à petit au sein de la maison, les autres prennent soin de lui, et malgré sa différence, il devient l'un de leurs amis.

 

Un très beau roman sur la tolérance et le handicap. Un roman qui ose dire les choses, et qui les dit très bien! Bref, une première rencontre très réussie avec l'écriture de Marie-Aude Murail. Une première rencontre qui donnera lieu à d'autres lectures, c'est certain!

 

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26 septembre 2010 7 26 /09 /septembre /2010 23:00

La lecture du dimanche

 

Calypso a été l'une des toutes premières à lire ce livre et à en parler et son billet m'a donné terriblement envie de lire ce livre. Pourtant, le sujet - assez proche de celui du livre dont je vous parlais hier - n'est pas de ceux que j'affectionne particulièrement d'habitude. Stéphie ayant elle aussi envie de découvrir ce titre, nous avons décidé d'en faire une lecture commune.

 

 

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L'histoire :

 

Eugène n'a vécu qu'une semaine, sept jours pendant lesquels ses parents n'ont pas osé imaginer le pire. Né à six mois de grossesse, soigné dans le service des grands prématurés, Eugène aurait pu vivre s'il n'avait attrapé un staphylocoque doré contre lequel son petit corps n'a pas su lutter. Depuis ce jour, sa mère a perdu la parole, il n'y a plus rien à dire... Elle coud des pantalons en velours rouge, dans toutes les tailles, celles que son enfant aurait porté s'il avait vécu et grandi comme tous les autres enfants... Désemparé, son époux se promet de l'aider à retrouver la parole. Pour cela, il décide d'écrire l'histoire de son fils, celle qu'il aurait vécue s'il n'était pas mort. Il pense pouvoir lui redonner vie à travers les mots. Mais le pouvoir des mots est-il suffisant pour lutter contre la mort?

 

Voilà un roman qui ne peut laisser indifférent... Il est construit un peu à la manière d'un journal intime, chaque chapitre - plus ou moins long - étant précédé de la date ainsi que du nombre de jours qui se sont écoulés depuis la disparition d'Eugène. Ce journal, c'est le père qui le tient : il nous y confie ses sentiments, il raconte comment l'impensable est arrivé, et il tente d'écrire l'histoire de son fils, telle qu'elle aurait dû être. J'ai été touchée par ce père qui n'est pas loin de flirter avec la folie, allant jusqu'à inscrire Eugène à la crèche et subtiliser la liste des autres enfants qui auraient pu devenir ses amis. Enfants sur lesquels il se renseigne, toujours dans le but de construire la vie de son fils. La mère est assez effacée tout au long du roman. Elle ne parle plus, et on assiste, impuissant, à sa souffrance, encore plus "criante" que celle du père.

 

Ce livre est une magnifique réflexion sur la vie et sur la mort. Le narrateur - qui a perdu son fils trop tôt - assiste en parallèle à la lente mort de son grand-père, qui a perdu la tête depuis plusieurs années déjà, qui n'est plus que l'ombre de lui-même, tenant des propos incohérents lorsqu'il est capable de parler. Une mort qui -pour lui - serait un soulagement : " Tu vas mourir et c'est bien, papy Marcel." Je crois que j'ai été davantage touchée encore par ce grand-père devenu sénile, parce que, cette fois, je me suis sentie directement concernée, parce qu'Isabelle Monnin sait trouver les mots justes, les mots vrais, les mots du coeur :

 

Je vais passer ta dernière nuit avec toi. Je veux bien être celui qui est là quand tu meurs, papy Marcel. Toutes les dix minutes, la machine serre ton bras pour prendre ta tension. Le médecin m'a dit, si ça tombe sous six, vous m'appelez. Tu restes autour de huit. La perfusion te nourrit. Tu es gris clair, couleur de craie. Ton visage est inquiétant. De loin, on dirait que tu souffres, ta bouche fait une grimace. Je te touche la main mais tu ne réagis pas. Tes bras parfois ont des sursauts. Eugène avait ça, aussi, des fils partout et les bras en croix qui s'agitent soudain.  Elles n'ont pas mis de sparadrap sur tes yeux.

Je n'ai pas peur. Je parlerai peu. Je ne pleurerai pas. Tu peux me faire confiance. Comme quand on laissait la barque flotter sur l'étang et que tu voulais dormir. Tu surveilles nos lignes, petit, hein? Oui, papy Marcel, je vais surveiller les lignes, ne t'inquiète pas. Je ne les quitte pas des yeux, nos lignes. Quand tu seras mort, je m'occuperai de tout. Je fermerai tes yeux et j'essuierai ta bouche.

 

Un roman bouleversant, à découvrir, vraiment!

J'espère que Stéphie l'aura apprécié tout autant, et je m'empresse d'aller lire son avis!

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3 septembre 2010 5 03 /09 /septembre /2010 18:22

J'étais vraiment très curieuse de découvrir ce premier roman publié aux éditions JC Lattès. En effet, Carmen Bramly est une toute jeune lycéenne de quinze ans qui signe ici un roman qui montre une très grande maturité. Je ne m'attendais vraiment pas à une telle surprise!

 

 

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L'histoire :

 

Paloma a quatorze ans. Comme chaque année, elle passe ses vacances de Noël sur l'île de Bréhat dans la résidence secondaire de ses parents. Elle y retrouve chaque année la même bande d'amis, parisiens comme elle.  En ce soir de réveillon, ses parents ont invité les parents de l'un d'eux, Pierre, et Paloma ira passer la soirée en compagnie de ce dernier, de deux ans son aîné. Ils ne se sont pas vus depuis un an, et beaucoup de choses ont changé depuis... Ce qui est arrivé à Martin leur pèse sur le coeur. Et puis, ils ont grandi, et Paloma qui n'est plus une petite fille, a décidé d'inverser les rôles. Cette fois, Pierre ne ménera pas la danse, mais c'est elle qui décidera de l'issue à donner à cette soirée en tête. Mais ne risque-t-elle pas de perdre le contrôle...?

 

Quelle claque! Ohlala quelle claque! Je l'ai dévoré d'une seule traite, ayant beaucoup de mal à croire que je lisais le roman d'une adolescente! J'ai eu un peu peur dans les premières pages, car j'ai eu l'impression que l'auteur souhaitait montrer l'étendue de son vocabulaire - et je vous assure qu'elle en a... Mais en fait, non, c'est tout simplement une magnifique mise en abîme du titre : une adolescente tiraillée entre son côté intello, première de classe ( le pastel donc ) et son envie de se lâcher totalement, symbolisée notamment par son "amour" pour Pete Doherty ( le fauve). Tout le roman est construit sur ce paradoxe, et cela se reflète dans l'écriture, tantôt très sage ( comme ces premières pages... ) tantôt presque crue. Et plus on avance dans le roman, plus le côté fauve de la narratrice ressort.

 

Vraiment, j'ai trouvé ce roman délicieux! Carmen Bramly porte un regard terriblement réaliste sur l'adolescence : elle évoque ainsi les drogues, l'alcool, le phénomène des stars que l'on adule, les premières amours... avec un recul étonnant, presque avec cynisme parfois. D'ailleurs, j'ai adoré la relation entre les deux adolescents, mêlée d'amour et de haine, ce jeu presque malsain qui s'installe entre eux. Hors de question de s'abaisser et d'avouer son amour ce qui donne des situations et des échanges truculents : " J'ai deviné tes intentions, tu voulais m'intimider, me rendre fou de toi, tu étais persuadée qu'il se passerait quelque chose entre nous à la fin de cette soirée, tu as tout calculé pour parvenir à tes fins. Mais imaginons que rien n'arrive, et que la petite Paloma rentre chez elle avec ses illusions brisées et des ampoules aux pieds?" L'ombre de Martin qui pèse sur les personnages accentue cette atmosphère pesante.

 

Le lecteur est bousculé, gêné, amusé, attendri aussi parfois... Carmen Bramly a du talent, et elle n'hésite pas à jouer avec son lecteur. Les deux dernières pages du roman sont absolument géniales, un véritable pied de nez au lecteur. Et rien que pour la toute dernière phrase, ce roman vaut la peine d'être lu! Bref, un roman qui ne peut laisser indifférent. Et je crois que c'est celui que j'ai préféré jusqu'à maintenant dans mes lectures de la rentrée littéraire. J'ai hâte de pouvoir lire d'autres romans de l'auteur qui écrit "depuis son plus jeune âge". A découvrir, incontestablement!

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2 septembre 2010 4 02 /09 /septembre /2010 12:11

J'avais ce quatrième tome de la série dans ma PAL depuis quelques semaines déjà mais j'ai préféré attendre un peu avant de le lire, histoire de faire durer un peu le plaisir... Je me suis finalement plongée dedans, avec comme pour chacun des précédents tomes, un grand plaisir!

 

 

Image hébergée par servimg.comL'histoire :

 

Dans ce quatrième tome, Aki Shimazaki se penche sur un autre des personnages récurrents : Kenji Takahashi. Ce dernier a vu son premier mariage sombrer à cause de ses parents. En effet, Kenji et Satoko ne parviennent pas à avoir d'enfant, et cette dernière est poussée à partir par ses beaux-parents. Pourtant, un peu plus tard, Kenji comprend que c'est lui qui est stérile, car, Satoko, qui s'est remariée, est désormais enceinte. Il décide alors de mener sa vie comme il l'entend et de ne plus subir les pressions de ses parents. Aussi, quand il rencontre Mariko, la jeune femme dont il est question dans le troisième tome, il n'hésite pas à la demander en mariage alors qu'elle a déjà un enfant dont personne ne connaît le père...

 

Encore une fois, la magie a opéré dès la première page, dès les premiers mots. Mais pouvait-il en être autrement? On découvre une nouvelle pièce du puzzle, et on porte un regard vraiment très intéressant sur le récit, puisque cette fois on en sait plus que Kenji Takahashi - qui est le narrateur. Les précédents tomes nous ont appris par exemple quelles étaient les origines de Mariko, ou encore qui est le père du jeune garçon. Kenji, lui, l'ignore. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié toute cette réflexion autour des origines, de la naissance et du secret qui pèse sur ces origines. Des origines "douteuses" comme le dit si bien la mère de Kenji, qui cache pourtant elle aussi un secret.

 

L'écriture est toujours aussi magnifique et j'ai été très sensible à l'image du wasurenagusa qui revient plusieurs fois au fil du récit. Le myosotis qui signifie "ne m'oublie pas". Aki Shimazaki nous offre de nouveau un univers poétique, chaque phrase résonne comme une petite musique douce et enchanteresse. On se laisse porter, envoûter...Un vrai moment de plaisir. Je n'ai qu'un seul regret : il ne me reste maintenant qu'un seul tome à découvrir et j'aurai terminé cette merveilleuse pentalogie...

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 12:07

En cette rentrée littéraire, on trouve vraiment de tout sur les étals des librairies : du bon, du très bon mais aussi du moins bon... Mes précédentes lectures montrent bien ce mélange. Pourtant, une chose est sûre, dans le lot, il y a quelques pépites, des romans précieux, comme Le wagon par exemple, qui sortent du lot et dont je suis ravie de vous parler en espérant ainsi qu'ils ne se fondent pas définitivement dans la masse. Quand blanchit le monde de Kamila Shamsie fait partie de ceux-là.

 

 

Image hébergée par servimg.comL'histoire :

 

Tout commence en 1945 à Nagasaki. Hiroko Tanaka vit une histoire d'amour avec Konrad, un jeune homme allemand. Ils préfèrent garder leur amour caché en attendant la fin de la guerre, mais la bombe atomique ne leur offrira pas la chance de vivre leur amour au grand jour. Konrad meurt tandis qu'Hiroko est gravement brûlée : elle gardera à vie dans son dos des cicatrices qui prennent la forme de grand oiseaux noirs. Quelques années plus tard, elle décide de se rendre à Delhi, là où vit la demi-soeur de Konrad. Elle s'installe pour quelques temps chez James et Elizabeth et fait la connaissance de Sajjad Ashraf, l'employé de James. L'Inde est alors sous domination britannique et le création du Pakistan sème le trouble au sein de la population. Pourtant, malgré la situation, Hiroko et Sajjad tissent peu à peu des liens très forts... Mais ce ne seront pas les seules difficultés auxquelles le couple devra faire face...

 

Quand blanchit le monde est un roman magnifique dans lequel l'histoire des personnages se mêle étroitement avec l'Histoire avec un grand H. C'est avec un peu d'appréhension que je me suis plongée dans ce long roman, j'avais peur d'être un peu perdue, notamment pour la partie qui se passe à Delhi en 1947 puisque l'Histoire de l'Inde ne m'est pas vraiment familière. Finalement, mes appréhensions se sont rapidement envolées, et je me suis laissée porter par l'écriture de Kamila Shamsie. Cette dernière nous offre un magnifique voyage autour du monde et dans le temps. Elle nous montre comment le monde qui nous entoure, comment l'Histoire que nous construisons est source de blessures profondes pour les hommes. Finalement, l'histoire se répète : aucun endroit au monde ne semble préservé de la violence. Elle nous montre aussi à quel point tout est fragile, et comment par des décisions, des gestes, des paroles qui nous semblent anodins, notre vie peut prendre un tournant totalement inattendu. C'est ainsi que Raza Ashraf se retrouvera, presque malgré lui, dans un camp d'entraînement taliban en Afghanistan, le roman nous emmenant jusqu'aux Etats-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.

 

L'ensemble du roman est porté par le personnage d'Hiroko Tanaka que j'ai trouvé très attachant. Cette femme porte en elle une force incroyable qui lui permet de se relever chaque fois et de repartir de l'avant. J'ai aimé sa douceur, sa grâce, sa vision du monde... Cette femme, pourtant brisée et marquée physiquement, continue à croire que le bonheur existe, elle refuse de se plier aux traditions, n'écoutant que son coeur :

 

"Mais quand elle a pris sa main, il a songé que personne, pas même une mère respectée, n'aurait pu contraindre Hiroko Tanaka à quoi que ce soit. Pourquoi les règles de conduite devraient-elles demeurer identiques alors que la guerre a bouleversé tout le reste? lui a-t-elle demandé une fois. Le passé est mort."

 

" Le monde de Sajjad n'était pas fermé aux étrangers! C'étaient les Burton qui refusaient de sortir de l'Inde du Raj. Et c'était à elle, Hiroko Tanaka, de montrer aux uns et aux autres qu'ils pouvaient se passer de ces murs imaginaires qu'ils avaient dressés entre eux. Konrad avait raison, lorsqu'il affirmait que les barrières étaient faites d'un métal qui se changeait en liquide dès qu'on les touchait de part et d'autre simultanément."

 

Des passages comme ceux-ci, je pourrais en citer des dizaines... C'est tout le roman qui nous invite à réfléchir, qui nous pose des questions essentielles sur l'amour, la paix, la guerre... Un roman touchant, poignant, magnifiquement écrit que je n'oublierai pas de sitôt. Un roman que je vous conseille de découvrir!

 

Ce livre a été chroniqué en partenariat avec Ulike et le site des chroniques de la rentrée littéraire que je remercie chaleureusement pour cette belle expérience!

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25 août 2010 3 25 /08 /août /2010 06:41

Au fil de mes pérégrinations sur la blogosphère, j'avais noté sur ma LAL plusieurs titres de l'auteur, notamment L'annulaire que j'étais bien décidée à lire pour ce rendez-vous. Et puis le hasard en a décidé autrement : au moment de passer ma commande, j'ai lu plusieurs résumés des oeuvres de Yôko Ogawa, et celui-ci s'est imposé à moi comme une évidence... Il faut croire que le hasard fait bien les choses!

 

 

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L'histoire :

 

Mari travaille avec sa mère dans l'hôtel familial situé dans une station balnéaire. Un soir, un scandale éclate, réveillant toute la clientèle de l'hôtel. Une femme qui semble être une prostituée sort d'une chambre à moitié dévêtue en hurlant et en insultant l'homme qui s'y trouve de pervers. Lorsque l'homme sort de la chambre, Mari qui a assisté à toute la scène est fascinée : cet homme est un vieillard et il inspire le respect. Lorsqu'elle le croise deux semaines plus tard chez un marchand, elle se met à le suivre sans pouvoir se l'expliquer. L'homme l'a reconnue et engage la conversation. Rapidement, leur relation évolue : Mari qui n'a que dix-sept ans doit ruser pour pouvoir quitter l'hôtel et rejoindre celui qu'elle appelle le traducteur pour de longues balades en ville. Entre chaque rencontre, ils entretiennent une correspondance. Puis un jour, elle accepte de le suivre chez lui, là-bas sur l'île, et là tout bascule... L'homme se révèle adepte des relations sado-masochistes, et si Mari éprouve quelques réticences au début, elle se laisse très vite convaincre et semble y trouver elle-aussi du plaisir...

 

C'est particulier, très particulier, mais j'ai vraiment adoré ce roman. Yôko Ogawa crée un univers très étrange dans ce roman, un univers que l'on peut qualifier de malsain, notamment parce qu'elle met en scène la relation entre une jeune fille et un vieillard. Et comme si cela ne suffisait pas, ce dernier est un pervers qui n'hésite pas à lui faire subir quelques sévices... Alors bien sûr, ce que l'on ressent à la lecture est assez étrange, entre dégoût et fascination. Mais finalement, même si l'homme ne lui laisse pas vraiment le choix la première fois, Mari se prend au jeu et en redemande. Et comme c'est elle la narratrice, le lecteur se veut complice pour ne pas dire voyeur. Mari doit inventer des mensonges pour échapper à sa mère, et je dois reconnaître que comme cette dernière n'est pas des plus sympathiques, j'ai pris plaisir à la voir se faire berner. Il n'y a que la femme de ménage de l'hôtel qui semble avoir vu clair dans le petit jeu de Mari... Encore un personnage qui ne manque pas de piquant! Tous semblent avoir une déviance, une perversité... D'ailleurs, j'ai été assez surprise par cette lecture qui remet en question les préjugés que j'avais sur la littérature asiatique. J'en avais une image plutôt sage, une littérature toute en pudeur, presque "coincée" mais ce n'est pas le cas du tout, même si j'ai pu lire qu'Hôtel Iris était considéré comme le plus extrême des romans de l'auteur.

 

Extrême en effet pour la violence qui s'en dégage et pourtant, à aucun moment, je n'ai trouvé ça vraiment insupportable, parce que par contraste, l'écriture de Yôko Ogawa se veut douce, délicate. On se laisse porter par ses mots, par la simplicité de ses phrases. Les propos presque enfantins de la narratrice viennent adoucir le tout dans un formidable paradoxe. Un paradoxe qui se retrouve au niveau de la lecture : on a envie de condamner cette relation, on éprouve un malaise certain, et pourtant, il est impossible de lâcher ce livre avant de l'avoir fini, et même fini, on n'a qu'une hâte : se plonger dans le prochain Ogawa. Soyez-en certains, je lirai d'autres titres de l'auteur et je compte bien sur vos différents billets pour m'aider à choisir le prochain!

 

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23 août 2010 1 23 /08 /août /2010 11:30

Lorsque j'ai vu que l'un des titres de la rentrée littéraire proposés par Ulike concernait l'univers concentrationnaire, mon choix s'est immédiatement arrêté dessus. En effet, cette triste période historique m'a toujours beaucoup intéressée et je pense qu'il est important de continuer à écrire dessus pour qu'elle ne sombre pas dans l'oubli...

 

 

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Le wagon, c'est celui dans lequel se trouve le jeune narrateur de vingt et un ans. Ce wagon fait partie du dernier train qui emmena des déportés à Dachau le 2 juillet 1944. Ce wagon, c'est l'horreur, le cauchemar devenu réalité : une centaine d'hommes entassés comme du bétail, une chaleur accablante sans la moindre aération, la faim, la soif mais aussi et surtout la mort. La mort et son odeur... Un voyage qui dure trois jours, trois jours durant lesquels ces hommes côtoient l'enfer. Trois jours que le narrateur nous décrit, presque heure par heure. Trois jours de lutte contre soi-même et contre les autres : la peur, la panique, le dégoût mais aussi l'espoir, parfois, lorsque le train s'arrête.

 

Ce roman m'a souvent rappelé la lecture du Grand Voyage de Jorge Semprun. La différence, c'est que Le wagon n'est pas autobiographique. Pourtant, l'auteur a décidé d'écrire ce roman lorsqu'il a découvert que l'un de ses proches avait fait parti de ce convoi. Il s'est beaucoup documenté, beaucoup renseigné et je trouve ses propos très justes :

 

Tout ce qui est raconté ici est vrai. Tout ce qui est inventé ici est vrai aussi. Bien au-dessous de la réalité. Ce n'est pas une fiction. [...]

Là où aucune image ne peut se former, il faut former une image.

Une image injuste.

Alors tout ce qui est raconté est faux. Ce n'est pas un livre d'Histoire. L'Histoire est bien pire.

Irréelle.

Ceci est un roman.

 

Le wagon est une lecture difficile, ce qui n'est rien comparé à ce qu'ont pu vivre ces hommes. Les phrases sont courtes, le rythme est haché, comme si l'écriture elle aussi avait été douloureuse. Difficile de dire que l'on a aimé un tel texte, et pourtant ce texte est beau, ce texte est bouleversant, si bouleversant qu'il n'est pas évident d'en parler, que je peine à trouver les mots. Y en a-t-il d'ailleurs? Arnaud Rykner nous montre la folie des hommes, leur cruauté. Ce livre nous dit l'indicible : les corps putréfiés, les excréments, le sang, les chairs... Tout ceci paraît tellement incroyable, tellement inhumain... Et pourtant... C'est bien pour cela, qu'il faut lire Le wagon, ou plutôt d'une certaine manière le vivre, pour ne jamais oublier de quoi l'être humain est capable. Les pages se tournent, le livre se ferme mais les mots, les images restent là, bien présents dans l'esprit du lecteur.

 

Ce livre a été chroniqué dans le cadre d'un partenariat avec le site des Chroniques de la rentrée littéraire et Ulike. Un grand merci à eux.

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19 août 2010 4 19 /08 /août /2010 06:58

Six-Pack, pour moi, c'était jusqu'à il y a quelques semaines le souvenir d'un film terrifiant, vu un dimanche soir sur TF1 alors que j'étais encore étudiante, un film qui m'avait empêchée de bien dormir tant il m'avait remuée... Quand j'ai croisé ce roman sur un blog, il a éveillé en moi ces souvenirs et j'ai aussitôt eu envie de le lire... C'est maintenant chose faite!

 

 

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L'histoire :

 

Terrible enquête pour l'inspecteur Daniel Saverne et son adjoint Philippe Risson : voilà la cinquième femme retrouvée massacrée de la même manière : après les avoir éventrées, celui que l'on surnomme Six-Pack, un serial killer complètement psychopathe, leur casse les dents avant de se soulager dans leur bouche. Chaque fois, la victime est abordée dans un lieu qui grouille de monde avant d'être emmenée un peu plus loin, à l'abri des regards. Sperme, mégots, cheveux, empreintes, les indices laissés sur place sont nombreux, mais Six-Pack n'est fiché nulle part : posséder son ADN ne sert à rien. Le seul moyen de sortir de cette impasse est de trouver le lien qui relie les victimes : brunes, blondes, rousses, aucun point commun physique. Alors comment Six-Pack repère-t-il ses victimes? Car de cela, Saverne en est certain : le tueur prépare méticuleusement chacun de ses crimes en repérant l'endroit exact où il va frapper...

 

 

Habituellement, je préfère lire les romans avant de voir leur adaptation au cinéma. Cette fois, c'est un peu différent puisque lorsque j'ai vu ce film, je ne savais même pas qu'il avait été adapté d'un livre. D'ailleurs, cela remonte à une petite dizaine d'années, et du coup, j'en avais oublié une bonne partie. Je gardais surtout le souvenir de la fin et j'ai pris plaisir à reconstruire petit à petit la trame de l'intrigue. Une intrigue excellente d'ailleurs avec deux enquêteurs particulièrement persévérant et un Saverne qui a un sacré mordant. Il n'hésite pas à tenir tête à ses supérieurs, même lorsque ceux-ci sont détachés exceptionnellement du ministère et il poursuit l'enquête même après que celle-ci leur a été retirée. En effet, le suspect que Saverne et Risson finissent par identifier pose problème... Et avant d'aller plus loin, il faut être sûr, absolument et complètement sûr! Je ne peux en dire plus, et préfère vous laisser découvrir par vous-même mais Jean-Hugues Oppel tient ici un serial killer atypique! En parlant de serial killer atypique, il nous en livre un second : Papa Harry que Saverne rencontre lorsqu'il se rend aux Etats-Unis pour rencontrer Charlie, le spécialiste américain en matière de tueurs en série. Papa Harry a perdu sa femme en couches et a décidé alors de fonder quand même une famille, accouchant des femmes enceintes à sa manière... Âmes sensibles, s'abstenir! Pour ma part, je suis friande de ces descriptions glauquissimes et j'ai adoré! De même que l'explication du surnom donné au tueur...

 

Par ailleurs, j'ai apprécié le style de l'auteur que j'ai trouvé particulièrement adapté au thème. Pas de fioritures, un langage parfois cru, un rythme haché, des phrases courtes, non verbales parfois :

 

" L'inspecteur Daniel Saverne renifle. Désabusé. C'est la cinquième fois qu'il renifle cette pestilence. Elle lui est devenue familière. Il s'habitue. Il faut bien."

 

Et chaque nouveau chapitre commence un peu comme un refrain avec un nom en lien avec la lumière. C'est particulièrement réussi car l'auteur parvient chaque fois à rattacher cet élément à la scène qu'il décrit : ça peut être le flash des appareils photos sur la scène de crime ou la flamme du briquet avec lequel Saverne a l'habitude de jouer. J'ai relevé également quelques néologismes savoureux comme le verbe madeleinedeproustiser que je ne manquerai pas de replacer à l'occasion!

 

Un mot pour finir de deux personnages que j'ai appréciés plus que tout : Miss et Wesson, les deux chats de Saverne qui sont évoqués à de nombreuses reprises, car Saverne vit en fait chez ses chats qui le martyrisent. Pour une fois que ce ne sont pas les chats qui sont martyrisés, comme on le voit souvent dans les polars, eh bien, je dis bravo! Ils font leur apparition à plusieurs reprises tout au long du roman, et ils sont vraiment plus que vrais que nature! En tout cas, ils ont su conquérir le coeur de l'amoureuse des chats que je suis!

 

Un vrai coup de coeur donc pour ce thriller qui m'a donné envie de m'intéresser aux autres titres de l'auteur! Et j'en profite pour démarrer ma participation au challenge spécial Serial Killer proposé par Al Capone!

 

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13 août 2010 5 13 /08 /août /2010 07:20

Ce roman est dans ma PAL depuis quelques semaines, et j'avais lu quelques billets très enthousiastes.... Bizarrement, je n'avais pas encore réussi à me lancer. Pourtant, c'est un roman jeunesse qui se déroule sous la seconde guerre mondiale, et qui donc, correspond tout à fait à mes centres d'intérêt... Peut-être avais-je déjà pressenti la claque que j'allais prendre...

 

 

Image hébergée par servimg.com

 

L'histoire :

 

Tout commence en Pologne où Piotr vit avec ses parents. Quand la guerre débute, ils sont plutôt épargnés car reconnus comme faisant partie du peuple allemand. Mais en 1941, lors de l'invasion soviétique, les parents de Piotr décèdent. Placé dans un orphelinat, le jeune garçon est vite repéré : grand, bond, les yeux clairs, il a le profil type de la race aryenne. C'est une "chance" pour lui car le professeur Kaltenbach, un allemand reconnu qui travaille sur l'analyse des caractéristiques aryennes accepte de l'adopter. Piotr rejoint donc Berlin et devient Peter. Formé aux jeunesses hitlériennes, il est d'abord docile et se montre reconnaissant envers les Kaltenbach. Pourtant, au fond de lui, la révolte naît peu à peu. Il comprend que derrière le nazisme qu'on lui présente comme merveilleux, se cache en fait la haine et la cruauté... Lui-même se sent toujours étranger aux yeux des autres...

 

Alors là, je dis "chapeau"! Quel magnifique roman! Quelle puissance! Je crois que c'est la première que je lis un roman qui me plonge au coeur de l'Allemagne nazie et qui en explique les mécanismes. Paul Dowswell montre comment les jeunesses hitlériennes embrigadaient les adolescents, d'une part en leur promettant monts et merveilles, comme une carrière de pilote et d'autre part en faisant régner une atmosphère de terreur. Hors de question de s'écarter du droit chemin, tout manque à la discipline nationale-socialiste vous menait tout droit en prison. Il montre également comment certains Allemands, considérés comme amis du parti nazi, ont mené la lutte dans l'ombre, allant parfois jusqu'à cacher certains Juifs au péril de leur vie. On parle souvent de la Résistance en France, mais je n'avais jamais rien lu sur la résistance en Allemagne. Voilà un livre qui fait vraiment froid dans le dos mais qui donne en même temps une lueur d'espoir - sans doute celle représentée sur la première de couverture - : tous les hommes ne sont pas foncièrement méchants, et certains sont capables d'écouter leur coeur et de lutter contre le mal, même au péril de leur vie.

 

Au fil de ma lecture, j'ai souvent oublié que je lisais un roman pour la jeunesse, je me suis complètement laissée emporter par l'histoire, par les personnages très attachants et par l'écriture si agréable à lire. Mais outre, l'intérêt historique, Etranger à Berlin est également un excellent roman d'aventures - c'est ainsi qu'il est présenté sur la quatrième de couverture - et je pense en effet que c'est un aspect très important pour nos jeunes lecteurs. Le roman est porté par ses deux protagonistes : Peter, et son amie Lena auxquels les jeunes lecteurs n'auront aucun mal à s'identifier car finalement, en choisissant de s'opposer au régime en place, ils font figure de rebelles... Et on sait à quel point les adolescents aiment se rebeller!

 

Un énorme coup de coeur pour ce roman! Et je le conseillerai sans hésitation à mes élèves.

 

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