Je n'avais encore jamais lu cet auteur, j'avais donc le choix parmi de nombreux titres... Pour me décider, je suis allée lire les résumés ainsi que les commentaires sur amazon, et c'est ce titre qui a retenu mon attention. Et comme Stéphie m'a confirmé que c'était un excellent choix, je n'ai pas hésité, il a aussitôt rejoint ma PAL!
L'histoire :
Simple est déficient mental. Il a vingt-deux ans mais il se comporte comme un tout jeune enfant. Simple a pour ami un lapin en peluche, appelé Monsieur Pinpin. Un lapin, qui, dans les délires de Simple prend vie. Mais Simple est un fardeau pour son père, surtout depuis qu'il a décidé de refaire sa vie. Alors Simple a été placé à Malicroix, une institution spécialisée. Sa mère étant morte, il ne peut compter que sur son jeune frère Kléber, lequel décide de prendre en charge Simple qui se meurt de chagrin à Malicroix. Mais vivre avec Simple n'est pas si simple lorsqu'on est un jeune lycéen. Après un passage rapide chez l'une de leurs tantes, Kléber trouve une colocation avec quatre étudiants. Mais là encore rien n'est simple, et il faudra à chacun un temps d'adaptation, un temps pour apprendre à connaître Simple et à l'apprécier...
Quel joli roman sur l'amour fraternel et le handicap! Le thème abordé est difficile, délicat, grave mais il prend une toute autre dimension sous la plume de Marie-Aude Murail. Simple est un personnage très intéressant. Handicapé mental, il est bien souvent pénible aux yeux de son entourage, il accumule les bêtises, comme lorsqu'il casse les montres pour vérifier s'il y a des beaud'hommes dedans. Et pourtant, c'est un personnage qui inspire la tendresse, on a envie de sourire à chacune de ses nouvelles facéties qui révèle en fait son intelligence : une logique à toute épreuve, bien que différente de la nôtre. Ce personnage est drôle donc, mais également touchant : le fait de le voir rejeté successivement par sa famille, par ses colocataires, et même par ses voisins inspire au lecteur une profonde compassion. Même si l'on comprend à quel point Simple peut être usant, la réaction du père est particulièrement révoltante.
Au contraire, le personnage de Kléber nous montre que la générosité existe, que l'on a beau avoir dix-huit ans et être en pleine découverte des relations amoureuses, un frère n'en reste pas moins important, fut-il débile aux yeux des autres. Kléber m'a beaucoup touché lui aussi, il est si jeune, et pourtant, il a déjà un sens du sacrifice. Le bien - être de son frère passe avant tout et il est hors de question qu'il retourne à Malicroix. Alors, bien évidemment, il y a des moments où Kléber baisse les bras, parce que c'est une charge bien trop lourde pour ses jeunes épaules. Mais il se relève chaque fois, et on sent combien Simple est important à ses yeux.
Alors ce récit aurait pu être grave, avec une ambiance plombée. Et pourtant, c'est un vrai bonheur. D'abord, parce que Marie-Aude Murail dresse le portrait d'une joyeuse bande d'étudiants, que la présence de Simple parmi eux donne lieu à des quiproquos et à des situations cocasses vraiment délicieuses. Mais surtout parce que c'est le récit de l'acceptation. Simple parvient à faire sa place petit à petit au sein de la maison, les autres prennent soin de lui, et malgré sa différence, il devient l'un de leurs amis.
Un très beau roman sur la tolérance et le handicap. Un roman qui ose dire les choses, et qui les dit très bien! Bref, une première rencontre très réussie avec l'écriture de Marie-Aude Murail. Une première rencontre qui donnera lieu à d'autres lectures, c'est certain!