La lecture du dimanche
Un peu en retard sur mes lectures cette semaine, j'ai proposé à Stephie de lire ce petit recueil composé de deux nouvelles que nous avions reçu en spécimen il y a un petit moment déjà et que nous avions toutes les deux dans notre PAL. C'était également l'occasion pour moi de découvrir Laurent Gaudé que je n'avais encore jamais lu.
La première nouvelle intitulée Sang négrier est l'histoire d'un homme ayant pris le commandement après la mort du capitaine d'un bateau pratiquant la traite des nègres. Il décide de faire un détour par Saint-Malo afin de rendre le corps à son épouse alors que la coûtume veut que l'on jette les corps à la mer. Mais en revenant du cimetière, l'agitation règne, : cinq esclaves se sont échappés du bâteau. Aussitôt une véritable chasse à l'homme s'organise, quatre des cinq hommes sont retrouvés, mais le dernier demeure introuvable. Pourtant, on ne tarde pas à retrouver un doigt noir ensanglanté accroché à une porte...
Cette première nouvelle m'a beaucoup touchée parce qu'elle évoque un sujet douloureux : la traite négrière. Laurent Gaudé le dit très justement dans l'interview que l'on peut lire à la fin du recueil : "Il faut se souvenir qu'on a vendu les Africains comme on a vendu du sucre ou du bois, avec la même morgue, le même souci de faire le plus d'argent possible, avec le même réflexe capitalistique, alors que ce sont des êtres humains" Cette absence de considération pour l'humain est très bien rendue car le récit est mené du point de vue du marchand d'esclaves, c'est lui-même qui est le narrateur de l'histoire.
Dans la seconde nouvelle Dans la nuit Mozambique, le lecteur fait connaissance avec quatre amis qui se retrouvent environ une fois par an dans le restaurant de l'un d'entre eux : Fernando. Un jour Passeo leur raconte une histoire étonnante : le sauvage assassinat d'une femme parmi les passagers clandestins qu'il avait accepté de transporter au Mozambique, un assassinat incompréhensible, soudain, violent. Mais d'un coup, Passeo interrompt son récit et annonce à ses amis qu'il leur racontera la suite une autre fois...
Cette nouvelle m'a déçue par rapport à la première, j'ai été frustrée de ne pas connaître le fin mot de cette histoire et de comprendre pourquoi cette femme a été assassinée sans que cela ne touche personne, pas même son frère. L'auteur s'amuse d'ailleurs de cette frustration dans son interview, précisant qu'il a écrit sa nouvelle "pour raconter le plaisir qu'on peut avoir à se raconter des histoires, quelles que soient ces histoires." Certes, mais la frustration est là tout de même et gâche un peu le plaisir de l'histoire justement!
Dans l'ensemble une lecture agréable tout de même, et j'étudierai sans doute la première nouvelle en classe quand j'en aurai l'occasion, car en plus du thème abordé, l'écriture est très juste, les mots touchent et ne peuvent laisser indifférents...
Allons maintenant voir ce que Stephie en a pensé.