Je vous parlais il y a quelques jours de mon retard dans mes différents défis. Faire le point m'a reboostée et je me suis lancée dans la lecture du roman policier que j'ai choisi pour le continent asiatique. Je ne désespère pas d'aller au bout de mes challenges, après tout l'année n'est pas terminée!
L'histoire :
Les cadavres de jeunes femmes sont découverts chaque semaine, en plein centre ville, Vêtues d'un qipao rouge déchiré, une robe très à la mode dans les milieux bourgeois vingt ans auparavant, les victimes ont été dépouillées de leurs sous-vêtements mais n'ont pas été violées. Les tueurs en série se font rares à Shangaï, une équipe spéciale est donc chargée d'enquêter car la rumeur gronde, les journalistes se régalent et la population frissonne. L'inspecteur Chen, suit d'abord l'enquête de loin, intéressé avant tout par la dissertation de littérature qu'il doit rendre prochainement. En effet, il a repris des études car il envisage une reconversion. Mais un événement va lui faire prendre conscience qu'il doit s'impliquer davantage dans l'enquête.
Mon avis sur ce livre est très partagé.
D'un côté, j'ai apprécié de suivre une enquête dans les rues de Shangaï, cela a un petit côté dépaysant très agréable. D'ailleurs, l'intrigue elle-même a su m'interpeller, j'ai été touchée par cette histoire, et comme pour La lumière et l'oubli avec l'Espagne, j'ai appris beaucoup de choses sur l'histoire du pays et sur sa culture di différente de la nôtre. Mais c'est à double tranchant, certains passages m'ont un peu gênée, notamment en ce qui concerne les habitudes alimentaires ; on mange du chien, du chat et l'une des spécialités des grands restaurants est la cervelle de singe vivant... On vous apporte le singe dans une cage, on lui scie la boîte cranienne et on vous sert la cervelle avec une jolie louche argentée... Hum, cette passion pour les repas cruels, c'est ainsi qu'ils sont appelés, m'ont légèrement rebutée...
Ce qui m'a gênée davantage encore, c'est le personnage de l'inspecteur... Je l'ai trouvé peu crédible. Obnibulé par les études de littérature qu'il a décidé d'entreprendre, il ne songe qu'à sa dissertation... On suit ses recherches et de nombreuses citations parsèment le roman... J'ai trouvé que cela n'avait pas vraiment sa place dans un roman policier. D'ailleurs, ces citations n'apparaissent pas seulement lors de ses passages à la bibliothèque, mais également tout au long de l'enquête. Pas un chapitre ne passe sans une citation de Confucius... cela a son charme au début, mais devient vite lourd.
Mais là où l'on attend le summum, c'est quand Chen, au beau milieu de l'enquête, alors que les victimes s'enchaînent et que les enquêteurs ne disposent que de peu d'éléments, décide de s'offrir quelques jours de vacances dans un club parce qu'il souffre de surmenage... Monsieur se prélasse au bord de la piscine pendant que Shangaï tremble... D'ailleurs, l'inspecteur lui-même finit par prendre conscience de cette incongruïté : " Il commença à se faire des reproches. Ces vacances étaient-elles vraiment nécessaires? Le moment effrayant qu'il avait vécu chez lui était sans doute une intoxication au café. Il avait dû s'affoler pour rien. Il se sentait revenu à son état normal. Alors pourquoi poursuivre ses vacances? Un tueur en série se promenait librement à Shangaï et lui lisait au bord de la piscine, à des centaines de kilomètres de là, la tête pleine d'images amoureuses poétiques."
Je m'aperçois que mon billet est assez négatif, et pourtant aussi bizarre que cela puisse paraître, j'ai aimé. Surtout les cent dernières pages dans lesquelles Chen se consacre enfin corps et âme à l'enquête. J'ai trouvé la manière dont il confond le tueur magistrale notamment dans un ultime tête à tête ou il mêle très adroitement la fiction et la réalité. Et rien que pour cela, je vous conseille cette lecture. D'ailleurs, je pense que je relirai cet auteur.