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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 10:46

Voilà très longtemps que je voulais lire un roman de cet auteur algérien qui, jusqu'à ce dernier roman, a beaucoup écrit sur le monde musulman. Il a, semble-t-il, totalement changé de registre puisque l'Olympe des Infortunes nous plonge dans un monde de laissés pour compte : les SDF.

 
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L'histoire :

C'est dans une décharge non loin de la mer que des clochards ont trouvé refuge. Chacun a sa manière de vivre : le Pacha a réuni autour de lui une bande de fidèles, qui occupent le temps en buvant. Et puis il y a les solitaires : Bliss qui vit dans un container avec sa chienne, Haroun qui passe ses journées à creuser pour libérer un tronc d'arbre enseveli sur la plage... et enfin Ach le Borgne, qui a pris sous son aile Junior " le demeuré"  et avec qui il partage son fourgon au beau milieu de la décharge. Ach qui clame que rien n'est plus précieux que leur liberté, qu'ils ne doivent rien à personne et que c'est cela le vrai bonheur. Un bonheur illusoire dont chacun se contente jusqu'à l'arrivée d'un étrange personnage : Ben Adam...

Voilà une lecture qui ne peut laisser indifférent. D'abord parce que le thème abordé met le lecteur face à une réalité qu'il connaît, mais bien souvent de loin. Les Sdf, on les croise dans la rue, on leur donne une pièce à l'occasion, on les voit à la télévision dans un reportage qui leur est consacré, mais finalement que sait-on d'eux? Yasmina Khadra nous plonge ici dans leur monde, au coeur de la décharge et nous fait vivre de l'intérieur le quotidien de ces marginaux. Rien ne nous est épargné de leur déchéance : alcool, maladies, bagarres... mais là où l'auteur fait très fort, c'est qu'il parvient grâce à son écriture à redonner une dignité à ses personnages. J'ai vraiment beaucoup aimé le style de Yasmina Khadra, qui mêle à merveille la poésie à la difficile réalité. En effet, ces hommes ont pour la plupart perdu tout amour-propre, ils sont sales, ils sentent mauvais, ils sont imbibés et pourtant on ne les regarde pas évoluer sans une certaine tendresse. On s'attache à eux, et au soupçon d'humanité qui leur reste. Sans doute parce que, comme nous le rappelle Ach le Borgne, ces hommes n'ont pas toujours été ainsi, et que la frontière est parfois bien mince entre leur monde et le nôtre : "Souvent, on s'en rend pas compte. La chance nous sourit tous les matins, le bonheur nous accueille tous les soirs, et on s'en rend pas compte. On s'y habitue et on pense que ce sera tous les jours ainsi. On fait pas gaffe à ce que l'on possède puis, hop! d'un claquement de doigts, on s'aperçoit que l'on a tout faux. Parce qu'on croit avoir décroché la lune, on veut croquer le soleil aussi, et c'est là que l'on se crame les ailes..." Un bel hommage à ces hommes donc.

 

Pourtant, je dois reconnaître que je n'ai pas adhéré à une partie du roman, celle qui met en scène le personnage de Ben Adam. Une sorte de prophète qui se présente comme "l'homme éternel" celui qui a tout connu, tout vécu. J'avoue avoir été d'abord déstabilisée, puis agacée par ce personnage. Certes, il a pour mission de mettre ces hommes face à ce qu'ils sont devenus, de leur faire prendre conscience de leur déchéance et de leur immobilisme face à la situation mais pourquoi ne pas faire intervenir un personnage ancré dans la réalité? Ben Adam, on n'y croit pas une minute... ou alors serait-ce une hallucination collective? Non, vraiment, ce personnage m'a déplu. Mais heureusement, son apparition reste brève ( moins d'une cinquantaine de pages ) et la fin du roman, que j'ai trouvée très belle, rachète en quelque sorte ce bémol.

 

Un grand merci aux éditions Julliard.

Edit du 18/02 : Je vous invite à  aller lire l'avis de Stephie qui, contrairement à moi avait déjà lu plusieurs romans de l'auteur.

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14 février 2010 7 14 /02 /février /2010 14:42

La lecture du dimanche

Voilà un bon moment que je voulais lire ce livre. J'ai lu de très nombreux avis depuis des mois qui étaient tous très alléchants, et le roman avait assez vite rejoint ma PAL. Ne restait plus qu'à trouver l'occasion et le temps de le lire - parce que c'est quand même un joli pavé de 600 pages - et pour cela, rien de tel qu'une lecture du dimanche avec ma copine Stephie, lecture du dimanche qui s'est exceptionnellement fondue avec une lecture commune en compagnie d'autres bloggueuses.

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L'histoire :

Joseph Vaughan mène une vie tranquille dans la petite ville d'Augusta Falls. Jusqu'à ce que l'année de ses douze ans, tout bascule : la perte de son père d'abord, puis cette fillette retrouvée sauvagement assassinée. cette fillette qui partageait le même banc que lui à l'école. Mais malheureusement, Alice n'est que la première victime d'une très longue série de meurtres. Et très vite, la peur et la suspicion  vient alourdir l'atmosphère d'Augusta Falls. Joseph et ses petits camarades forment alors une association secrète et jurent de surveiller les petites filles afin de les protéger. Mais leur entreprise échoue, et Joseph porte le poids de la culpabilité : ces crimes le poursuivent. D'ailleurs, trois ans plus tard, il fera lui-même une macabre découverte, le corps de la petite Virginia, coupé en cinq morceaux. Dès lors, le tueur ne cessera de le hanter, et le seul moyen d'exorciser ce fantôme sera de lui mettre la main dessus, même si cela doit lui prendre toute une vie...

Inutile de faire durer le suspense, j'ai littéralement dévoré ce roman que j'ai presque lu d'une seule traite, tant comme Joseph, cette histoire me poursuivait et j'avais besoin de savoir. Tout, absolument tout m'a plu.
A commencer par les personnages, Joseph bien sûr, le narrateur, que l'on suit de l'enfance jusqu'à la fin de sa vie, et à qui l'on ne peut que s'attacher. J'avais l'impression que mon coeur allait s'arrêter de battre chaque fois qu'un nouveau malheur s'abattait sur lui. Comme s'il était victime d'une terrible malédiction qui lui ôtait sans cesse les courts instants de bonheur auxquels il avait droit. Alexandra Webber, l'institutrice que j'ai trouvée extraordinaire, toujours pleine de bon sens et qui va pousser le petit Joseph à écrire. Chacun des personnages en fait, est extrêmement fouillé et j'ai eu l'impression de les connaître, d'etre moi même plongée dans cette petite ville de Géorgie.
Car, si les personnages sont extraordinaires, le contexte l'est lui aussi. L'auteur nous décrit à merveille les lieux où il place son intrigue : Augusta Falls d'abord et son atmosphère si particulière : tout le monde se connaît, et les secrets ne se gardent pas bien longtemps. New York ensuite, et cette sensation, au contraire, que tout le monde est anonyme et qu'on peut se fondre dans la masse. Le contexte historique est également très intéressant. C'est en 1939 que commence le roman, alors que la seconde guerre mondiale fait ses premiers pas en Europe, et j'ai trouvé très intéressant d'avoir le point de vue des citoyens américains, à la fois impliqués dans cette guerre, mais également assez détachés vis-à-vis d'elle, puisqu'éloignés physiquement des combats. Ce qui ne les empêche pas de soupçonner Gunther Kruger, l'allemand de leur petite communauté...

Un livre magnifique vraiment, exactement comme je les aime, terriblement sombre et profondément humain.
Allons voir maintenant ce qu'en ont pensé
Stephie, Gio, Neph et Théoma.

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13 février 2010 6 13 /02 /février /2010 10:46

Souvenez-vous au début du mois de décembre, je vous parlais de mon énorme coup de coeur pour ce livre jeunesse qui m'avait complètement bouleversée. J'avais alors appris qu'un film en avait été adapté et je m'étais promis de le voir. C'est maintenant chose faite.

Image hébergée par servimg.comLa trame du livre est parfaitement respectée dans le film : Bruno, fils d'un officier très important de l'armée nazi doit quitter sa maison de Berlin pour aller s'installer dans une nouvelle maison. Son père a en fait été nommé commandant du camp d'Auschwitz, et c'est à quelques mètres de là seulement qu'ils vont s'installer. Bruno, qui veut devenir explorateur désobéit à ses parents et s'approche de ce qu'il croit être une ferme étrange où les fermiers passent la journée en pyjama. C'est là, derrière les barbelés qu'il fait la rencontre de Schmuel, un juif déporté qui a, comme lui, huit ans.

Ce film a très peu fait parler de lui et cela m'étonne beaucoup car il est tout aussi bouleversant que le livre, voire davantage... On retrouve Bruno, ses remarques innocentes qui soulèvent en fait l'incompréhension, l'absurdité, la folie, l'impensable... qui mettent bien souvent mal à l'aise ses parents. J'ai d'ailleurs trouvé que la mère de Bruno était très touchante, et le film nous montre bien à quel point elle abhorre ce que son mari fait, déchirée entre son rôle d'épouse de commandant et de citoyenne allemande et son coeur de femme et de maman qui lui crie à quel point tout ceci est barbare. Les scènes de violence physique ne sont pas visibles à l'écran, tout est traité avec beaucoup de pudeur et lorsqu'un juif se fait tabasser pour avoir renversé un verre de vin, cela se fait hors-champ. Mais finalement, ce passage est encore plus terrible, et psychologiquement, insoutenable. D'ailleurs, dans les propos, rien n'est épargné, et j'avoue que j'ai eu plusieurs fois les larmes qui me sont montées aux yeux quand le lieutenant Kotler s'adresse à Pavel ou au jeune Schmuel. Ce dernier joue d'ailleurs son rôle avec beaucoup de talent. J'imagine à quel point il doit être difficile, voire impossible pour un enfant de prendre la mesure d'un tel rôle. Et pourtant Schmuel, comme Bruno sont incarnés avec beaucoup de naturel.

Si je devais apporter un petit bémol à ce film, il concernerait la crédibilité des lieux. L'immensité du camp n'est pas vraiment rendue, on a l'impression qu'il n'y a pas plus de trois baraques. Mais j'imagine que c'est un film à petit budget et que c'est sans doute pour cela qu'on en a aussi peu parlé. Il n'empêche que ce film vaut le détour.

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12 février 2010 5 12 /02 /février /2010 10:16

Après un livre aussi dense que celui dont je vous ai parlé hier, j'avais besoin d'un tout petit livre, léger, facile à lire et qui puisse de déguster en une bouchée. Mon choix s'est donc porté sur ce titre qui annonçait un livre plutôt drôle...

 
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L'histoire :

Nounours et Mickey, deux clochards en cavale. Pierre, treize ans qui vient de voir ses parents mourir. Maxime, qui pour fêter ses vingt-sept ans de mariage a pour la première de sa longue carrière demandé son après-midi pour faire une surprise à Sylvie... Et pour une surprise, c'en est une puisqu'il découvre sa femme au lit dans les bras d'un autre. Nounours, Mickey, Pierre, Maxime et d'autres aussi, que rien ne semble relier si ce n'est le fait d'être blessé, écorché : des "éclopés de l'âme". Pourtant, leurs chemins vont se croiser et tous vont tenter tant bien que mal de panser leurs blessures dans l'auberge du Point du jour tenue par Robin et Jeannine.

Ce petit roman est une pure bouffée de bonheur! J'ai adoré cette simplicité. Ici, les personnages n'ont rien à prouver, rien à accomplir, la vie s'est chargée de leur ôter tout ce qu'ils avaient, biens matériels, mais surtout biens du coeur, les plus importants, ces personnes qui nous donnent une raison de vivre, d'avancer tout simplement. Et pourtant, pas d'apitoiements inutiles, les faits sont là, ils s'imposent à nous.
Simplicité encore dans la reconstruction, dans la quête du bonheur : aller voir la mer, construire une cabane, se retrouver autour d'une table pour partager un repas. Modeste lui aussi, mais finalement le vrai bonheur n'est-il pas d'être ensemble? Je me suis vraiment laissée porter par cette histoire sans prétention, qui nous rappelle les vraies valeurs, celles du coeur. Un livre qui nous montre qu'il suffit parfois de bien peu de choses pour reprendre goût à la vie, une main tendue, un geste, un sourire, un mot. Un livre plein d'espoir à lire dans un moment de déprime pour regonfler nos petits coeurs en peine. Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce roman et je ne peux que vous le conseiller! Et la signification du titre, me direz-vous? Je vous laisse le soin de le découvrir!

Je remercie
Livraddict et les éditions Abel Bécanes pour ce moment de douceur.

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11 février 2010 4 11 /02 /février /2010 11:51

Lorsque Livraddict a proposé il y a quelques semaines un partenariat un peu particulier autour de ce livre, j'ai été séduite immédiatement par l'idée. Il s'agissait de lire le livre, d'en discuter ensuite sur le forum et de clore cette aventure par une discussion avec l'auteur.

Image hébergée par servimg.comL'histoire :

Frédéric Carloni, un journaliste, est retrouvé assassiné au beau milieu de Pigalle. Aucun doute, il s'agit d'une affaire sensible. En effet, le journaliste avait fait publié un article le matin même et travaillait sur un livre afin de dénoncer les manipulations d'un grand groupe télévisuel. L'enquête est donc confiée aux spécialistes de la crim' : l'équipe du commissaire Delajoie au 36, quai des Orfèvres, siège de la direction de la police judiciaire à Paris. En effet, les meurtres s'enchaînent, tous plus violents les uns que les autres, et il semble que quelqu'un soit bien décidé à procéder à un grand nettoyage afin de faire taire tout ce beau monde. L'enquête s'annonce difficile...

Voilà un roman d'un genre bien nouveau... et je dois avouer que mon avis est très partagé. J'ai presque envie de dire que j'ai adoré et detesté à la fois... Etrange, n'est-ce pas? Je n'ai pas l'habitude de ressentir des émotions aussi contradictoires face à un livre et je vais tenter de m'en expliquer. Ce que j'ai adoré d'abord : l'enquête et la manière dont elle est résolue. Le lecteur est plongé dans les bureaux de la crim', un lieu presque mythique, on sent que l'auteur s'est beaucoup renseigné et qu'il maîtrise son sujet. Les rouages de l'enquête nous sont dévoilés de manière précise et très intéressante. L'enquête en elle-même est très bien construite, et l'ensemble est mené d'une main de maître. Bref, ça tient la route, et la fin est particulièrement brillante : on ne voit vraiment rien venir! Vraiment un très bon polar! Mais alors, me direz-vous? Eh bien, il s'agit d'un polar certes, mais un peu particulier. Je me permets de reprendre les propos de l'éditeur qui sont très clairs : "Il se situe aux lisières du documentaire et du roman, et, de ce fait, peut apparaître comme un essai. Chaque opus est articulé autour d'une thématique précise. Il s'agit, dans ce premier tome, d'évoquer plus spécifiquement la relation entre marketing télévisuel et commerce de masse." Voilà un concept bien intéressant. Cependant, je n'ai pas accroché du tout à cet aspect du roman et ce, pour plusieurs raisons. D'abord, parce que la première et la quatrième de couverture ne laissent absolument pas transparaître cet aspect du livre. J'ai eu un peu la sensation d'être "trompée". On s'attend à un bon polar, je cite le résumé : "Une quête de vérité, semée de morts et de fantômes, où la violence des crimes se heurtera à la brutalité ordinaire du quotidien, où les évidences se transformeront rapidement en leurres." Mais rien ne laisse présager ces nombreux chapitres documentaires. Et là, j'ai envie de dire : trop, c'est trop! J'ai parfois eu l'impression de lire une encyclopédie... Certes, j'ai beaucoup à apprendre en matière d'économie et de techniques publicitaires, mais là, je me suis sentie un peu étouffée. Et c'est vraiment dommage car les sujets abordés n'étaient pas dénués d'intérêt. Seulement j'ai eu l'impression que l'auteur faisait dans la surenchère, voulant nous servir dix pages là où deux aurait suffi...

Vous le voyez, mon avis est un peu comme un grand écart... mais il faut reconnaître que l'auteur a du talent, celui notamment de susciter la curiosité de son lecteur, car malgré ces réticences, les dernières pages du roman ont su me donner envie de lire le prochain tome afin d'en savoir plus sur le commissaire Delajoie, un personnage que j'ai adoré tant il est complexe... Et puis, pour le prochain, au moins, je serai prévenue...

Je remercie donc
Livraddict et L'autre éditions pour cette aventure très enrichissante.

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10 février 2010 3 10 /02 /février /2010 08:12

C'est sur le blog de Moka que j'ai découvert ce livre il y a quelques mois : un roman épistolaire très inspiré des Liaisons dangereuses de Laclos. Il n'en fallait guère davantage pour me convaincre puisque j'avais adoré la lecture de ces dernières.

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L'histoire :

Les épreuves du bac viennent de se terminer et Julien se décide enfin à écrire à Camille qu'il n'a jamais osé aborder. C'est ainsi que débute la correspondance entre ces deux jeunes gens qui s'avouent très vite une passion pour Les liaisons dangereuses de Laclos. Et d'une lettre à l'autre, Julien et Camille s'identifient à leurs deux héros : chacun choisit les "proies" de l'autre : des jeunes gens à séduire et à abandonner de manière cruelle une fois consommés. Le but est de rapporter le maximum de "trophées", à savoir une correspondance établie avec les victimes de leur manipulation. Mais à trop jouer avec le feu, on risque de se brûler les doigts...

On peut dire que cette marquise et ce vicomte modernes sont assez réussis! Ils ont la plume aiguisée et nous offrent des lettres cyniques à souhait, se jouant des sentiments de leurs contemporains. L'univers laclosien est bien présent, et les références multiples. Leur perversité n'a pas de limites, ils vont chaque fois un peu plus loin, nous montrant ainsi que la littérature peut être dangereuse. J'ai beaucoup aimé lire ces lettres que j'ai trouvées vraiment bien écrites. Il faut dire que nos deux jeunes gens sont des étudiants brillants et passionnés de littérature, Camille est d'ailleurs étudiante en Hypokhâgne.
Un mot maintenant des autres personnages, je les ai trouvés assez inégaux, tant dans la pertinence de leurs écrits, que dans celle de leur présence. Camille de Peretti nous offre en effet la correspondance de tout le groupe d'amis de Julien et Camille. Si certaines lettres sont indispensables à la bonne compréhension, d'autres m'ont semblé assez futiles et donné l'impression que l'on s'éparpillait. Cela a réduit un peu mon plaisir de lecture, mais sans toutefois le gâcher puisque j'ai vraiment passé un bon moment.

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8 février 2010 1 08 /02 /février /2010 17:11

Nothomb, on l'adore ou on la déteste... Je fais plutôt partie de celles qui adorent, vous l'aurez compris, même si je dois reconnaître que les derniers romans qu'elle a écrit sont très inégaux. Il m'en restait deux à découvrir : celui-ci et Le voyage d'hiver, dernier paru.

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L'histoire :

Lors d'un dîner, Baptiste Bordave a une conversation pour le moins étrange avec un inconnu. Ce dernier lui affirme que si quelqu'un vient à mourir inopinément chez vous, il ne faut surtout pas appeler les secours mais emmener la personne à l'hôpital afin que le décès soit déclaré là-bas. Sinon, vous vous exposez à de sérieux ennuis tant que la preuve d'une mort naturelle n'aura pas été apportée. Alors imaginez un peu ce qui se passe dans la tête de Baptiste lorsque le lendemain, un quidam sonne chez lui, demande à téléphoner car sa voiture est en panne et s'effondre mort au beau milieu du salon... Les paroles de l'inconnu lui reviennent à l'esprit et Baptiste perd les pédales.

J'ai retrouvé dans ce roman la Nothomb que j'apprécie : déjantée, inventive, dérangeante. Elle a vraiment un don pour inventer des scénarios improbables, mais néanmoins convaincants. Entrer dans un roman d'Amélie, c'est accepter de mettre sa raison de côté et de se laisser porter dans un monde excentrique et  loufoque. Mais c'est aussi se remettre en question, s'interroger. Difficile d'en parler sans trop en dire, et sans gâcher le plaisir de la lecture, mais dans ce livre, elle questionne l'identité. Qui sommes-nous réellement? Et peut-on décider du jour au lendemain de devenir un autre? Rien de tel que d'adopter l'identité d'un inconnu pour connaître l'ivresse du large. Mais Amélie le dit elle-même dans Le sabotage amoureux  : On est très vite conscient d'être allé trop loin, mais plutôt que d'avoir la sagesse de s'arrêter pour limiter les dégâts, une sorte de rage dont l'origine est étrangère à l'ivresse oblige à continuer. C'est exactement ça, le personnage va trop loin, mais rien ne semble pouvoir le freiner alors qu'il a la possibilité de faire marche arrière. Et le lecteur est entraîné, les pages se tournent vite, très vite, jusqu'à une fin qui m'a déçue : j'attendais un ultime rebondissement à la sauce Nothomb, mais ça tombe un peu à plat. Dommage, le reste est du très bon! A lire avec une coupe de champagne.

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7 février 2010 7 07 /02 /février /2010 07:00

La lecture du dimanche

Cette semaine, nous avons choisi de vous parler de ce livre qui est sorti en librairie le 4 février et qui commence déjà à faire parler de lui sur la blogosphère. En parlant de ce livre, Stephen King dit qu'il n'a "pas lu un thriller aussi perturbant depuis des années".

 

 

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L'histoire :

Libby Day a sept ans lorsqu'elle survit à un terrible massacre. Sa mère et ses deux soeurs sont sauvagement assassinées dans la ferme familiale. Sauvée par miracle de cet enfer, Libby affirme que c'est son frère Ben, alors âgé de quinze ans qui a tué sa famille.
Vingt-cinq ans plus tard, toujours terriblement ébranlée, la jeune femme est contactée par une étrange association, le Kill Club. Les membres de ce club sont des passionnés des grandes affaires criminelles, et plusieurs d'entre eux s'intéressent au cas Day, persuadés que Ben croupit en prison à tort et que Libby pourrait les aider à le prouver. D'abord hésitante, Libby accepte car elle sait bien qu'il lui sera désormais impossible de vivre avec ce doute affreux et cette culpabilité. Ses recherches vont l'amener à fouiller son passé et à reconstituer les événements du 2 janvier 1985.

Je sais déjà que je vais avoir du mal à vous parler de ce livre tant il m'a bouleversée, tant lui et moi avons passé un moment intime : je l'ai lu avec mes tripes, et c'est très difficile à partager. Quand vous commencez ce livre, croyez-moi, vous ne pouvez plus le lâcher. En effet, dès les premières pages, j'ai su que j'allais aimer. L'ensemble est mené d'une main de maître, alternant les points de vue des personnages mais aussi les époques. On suit ainsi Libby Day aujourd'hui alors qu'elle est contactée par cette drôle d'association et qu'elle plonge au coeur de son passé en allant à la rencontre de ceux qui ont pu jouer un rôle dans ce drame. Elle décide notamment de rendre visite à son frère en prison, alors qu'elle ne l'a pas vu depuis vingt-cinq ans. Le récit est mené à la première personne et le lecteur est plongé en plein trouble intérieur avec le personnage auquel il s'attache. Parallèlement, la journée du 2 janvier 1985 est reconstituée heure par heure, du point de vue de Patty, la mère de Libby et de Ben, le frère. Et plus le livre avance, plus l'étau se reserre, obligeant le lecteur à tourner sans arrêt les pages, dans cette quête de la vérité, sautant d'une époque à une autre.
Les personnages sont également extraordinaires d'humanité. Libby m'a beaucoup touchée, je l'ai dit, mais je crois que le personnage que j'ai le plus apprécié est Ben. Ben, l'adolescent bizarre qui évolue dans un milieu de jeunes drogués se livrant à des rites satanistes. Ben, qui perd le contrôle de son existence jusqu'au drame irréparable. Ben si coupable et si innocent à la fois. Ben, un adolescent fragile et influençable comme on en croise beaucoup. En fait, tous les personnages de ce roman semblent si vrais, que ça en est troublant. Je me suis souvent dit que ce livre aurait pu être inspiré de faits réels : tout s'enchaîne, tout se justifie, tout s'explique.
Enfin, ce livre m'a plu parce qu'il est très dur, très sombre mais cela n'est jamais gratuit. Certaines passages sont violents et sanglants, comme je les aime. Et là aussi, les descriptions sont criantes de réalisme. On s'y croit, on le vit, on le frémit. Bref, vous l'aurez compris, ce livre est un vrai bijou et je n'ai pas vu passer la lecture de ses 500 pages! Je l'ai refermé à regret, déçue de déjà quitter Libby, de la laisser poursuivre seule son petit bout de chemin. D'ailleurs, j'ai aussitôt commandé le premier roman de Gillian Flynn : Sur ma peau dont je ne manquerai pas de vous parler très bientôt!

 

Je vous laisse maintenant découvrir l'avis de Stephie.

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6 février 2010 6 06 /02 /février /2010 06:11

Il y a maintenant presque un an que j'inaugurais ce blog et mon tout premier article était consacré à Robe de marié , l'un de mes plus gros coups de coeur de l'an dernier. Une lecture de celles que l'on n'oublie pas, un livre incroyable, époustouflant, que j'avais lu d'un souffle. Alors imaginez un peu dans quel état je me trouvais quand j'ai vu que BOB proposait un partenariat avec les éditions Calmann- Lévy pour lire en avant-première le nouveau roman de Pierre Lemaitre! Proche de l'hystérie...

Image hébergée par servimg.comL'histoire :

Alain Delambre a cinquante-sept ans. Au chômage depuis quatre ans, ce cadre se voit contraint de faire un petit boulot quelques heures par semaine pour gagner cinq cents euros par mois. L'étau se reserre, Alain et Nicole sont acculés et doivent enchaîner les privations pour finir de payer leur appartement. Aussi quand il reçoit enfin une réponse positive à l'une de ses innombrables lettres de candidature, l'espoir renaît. Mais Alain s'emballe et il est prêt à tout pour réussir le test ultime : une simulation de prise d'otages dans laquelle les candidats devront évaluer le sang-froid de plusieurs cadres. Ce poste de DRH, Alain le veut, même s'il faut payer le prix fort et prendre des risques inconsidérés qui mettent en péril l'équilibre de sa famille. D'ailleurs, très vite, la situation devient incontrôlable.

Pierre Lemaitre nous offre de nouveau un excellent roman, très bien orchestré. Il se divise en trois partie, la première et la dernière donnant la parole à Alain, et la partie du milieu étant narrée par l'organisateur de la simulation de prise d'otages. Cette alternance des vois narratives permet notamment de conserver une grande partie du suspense, ce que j'ai beaucoup apprécié. J'ai également adoré la manière dont l'auteur fait monter la pression et j'ai eu le même ressenti qu'à la lecture de Robe de marié, l'impression que les choses s'enchaînent de manière inéluctable, que le drame se profile et que les personnages agissent pour leur perte. Plus Alain esr persuadé qu'il va réussir et plus le lecteur est convaincu du contraire. Je me suis de nouveau surprise à m'exclamer à voix haute, à interpeller le personnage du genre : "non, tu vas quand même pas faire ça?" Eh bien, si, il le fait!  Et pourtant, on ne peut pas lui en vouloir car Alain est avant tout une victime de la société. Ce livre touche à un sujet d'actualité : le chômage, et pire encore le chômage des seniors, car à 57 ans, vous avez encore moins de chances qu'un autre de retrouver de travail. Et c'est une véritable humiliation quand vous vous êtes senti utile tout au long de votre vie. La honte face aux proches, la honte face à soi-même, et puis la dépression qui s'immisce lentement jusqu'à vous détruire. Des Alain Delambre, il en existe, et si ce roman fait si froid dans le dos, c'est qu'on se dit que tout ceci est terriblement réel. Je ne peux vous en révéler davantage sur l'intrigue sans gâcher le plaisir de lecture mais c'est ce qui fait tout l'intérêt de ce roman : la découverte progressive mais haletante des événements. Un livre que l'on a du mal à lâcher et que je vous recommande chaudement!

Je remercie
BOB et les éditions Calmann-Lévy pour m'avoir permis de lire ce livre en avant-première! Un régal!

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5 février 2010 5 05 /02 /février /2010 06:07

Illustrateur : José Ignacio Fernandez

Quand Babelio a proposé une nouvelle vague de masse critique et que j'ai lu la présentation de ce livre, je n'ai pas hésité une seconde. Non seulement, parce que le thème abordé est le nazisme, mais aussi parce que ce livre propose des illustrations "cinématographiques". Il n'en fallait pas plus pour me convaincre!

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L'histoire :

L'histoire se déroule près de Cologne en juin 1938 au coeur d'une clinique psychiatrique. Un journaliste persuadé d'être là pour rédiger un article ne comprend pas pourquoi on ne vient pas le chercher. Il ne se doute pas non plus de ce qui se prépare... Une opération est en cours, et des bus attendent déjà les malades pour leur transfert.


J'ai été très surprise en découvrant ce petit livre, pas plus grand qu'un fasicule à la couverture pour le moins étonnante. L'illustration donne un aspect vieilli et les personnages représentés donnent le ton... En effet, j'ai d'abord feuilleté le livre et regardé les pages illustrées. Je dois reconnaître qu'elles m'ont vraiment mise mal à l'aise : il s'agit de montages avec en arrière plan de vraies photos anciennes sur lesquelles viennent se greffer d'étranges personnages. Leurs têtes donnent l'impression d'être démesurées par rapport à un corps qui ne semble pas assorti. Une drôle de sensation vraiment, à la vue de ces graphismes, je vous en laisse juges...

Image hébergée par servimg.comEt puis, en abordant le texte, on comprend car celui-ci met lui aussi mal à l'aise... La folie est reflétée dans le texte même, qui joue avec les points de vue des personnages, sous forme de dialogues qui donnent parfois la sensation que les personnages s'adressent directement au lecteur, témoin impuissant. D'ailleurs, tout est fait pour que nous perdions nos repères, plongés nous-mêmes au coeur de la folie.  D'abord, il y a ce journaliste qui ne semble finalement pas si fou et qui lance ses supplications "Tu sais, j'attends que tu viennes me chercher et que tu me ramènes à la maison. Tu ne devrais plus tarder maintenant n'est-ce pas? Tu me l'as promis." Et là, on se prend à douter : et si finalement, cet homme était comme nous? Victime d'une machination? Et puis, il y a ces fous qui se prennent pour des médecins, et ces médecins qui sont sans doute les plus fous dans l'histoire : ils obéissent les yeux fermés aux ordres donnés par les SS. Des ordres qui montrent là encore la folie, la barbarie de l'état nazi. Ce livre s'appuie en effet sur des faits historiques : les nazis, pour préparer la solution finale, ont testé leurs premières chambres à gaz sur ces hommes. Des hommes qui selon eux, n'étaient pas dignes de leur race supérieure car "tarés"... Et même si on connait les ignominies qui ont été commises à cette époque sombre de l'histoire, c'est chaque fois, la même terreur et la même incompréhension. Un livre qui dérange donc, qui bouscule, mais qui ne peut laisser indifférent, ne serait-ce que par sa construction si particulière.

Je remercie Babelio et les éditions alzabane pour cette découverte.


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