Mes récentes lecture n'étaient pas franchement gaies... Et ce n'est pas avec ce titre que je vais inverser la tendance : je me suis de nouveau plongée dans une lecture sombre , mais ô combien touchante!
L'histoire :
Adrian est un petit garçon de neuf ans, presque comme les autres. Seulement, ce n'est pas toujours drôle. Il est élevé par celle qu'il surnomme secrètement Grand-Monstre : il semblerait que sa mère ne soit pas capable de l'élever et que son père ait fui ses responsabilités. Avec eux, vit l'oncle Rory, qui ne sort plus de la maison depuis qu'il a causé la mort de son meilleur ami. Une atmosphère bien pesante pour un si petit garçon. Et parfois le sort s'acharne : à l'école, Adrian n'a qu'un seul ami et on sent bien que cette amitié est fragile. Il y a bien les enfants qui viennent s'installer dans la maison d'en face, mais là encore, la relation est toute particulière. Et que dire de ces trois enfants qui ont disparu dans une bourgade voisine? On en viendrait presque à se méfier de son voisin...
J'ai dévoré ce roman de la première à la dernière page. Le lecteur suit le personnage d'Adrian dans sa vie de tous les jours qui, je l'ai dit n'est pas franchement drôle et cela rend le personnage attachant. D'autant plus attachant d'ailleurs, que le lecteur sent dès les premières pages qu'une ombre plane, que derrière la naïveté de l'enfance, le mal rôde. En cela, la couverture est une excellente illustration du roman : près des billes et de la sucette, il y a ce requin qui pourrait être un jouet mais qui paraît bien trop inquiétant. Adrian est malheureux donc et voir cet enfant souffrir m'a bouleversée : c'est comme si le monde ne lui avait pas prévu une petite place : ses parents l'ont abandonné et il sent bien qu'il est un poids pour sa grand-mère. Il a peur d'être placé dans le foyer qui se trouve à côté de l'école et qui accueille ces enfants sans repères, comme la Jument, une petite fille de sa classe. D'ailleurs, dans sa classe, à part Clinton, personne ne s'intéresse à lui. Et Adrian souffre. En silence. Il a l'impression d'avoir passé sa vie à être bringuebalé de garde en garde, de maison en maison. Il est la bombe que l'on se lance quand on joue à la tomate, la poupée russe dont chacun enlève une enveloppe, et qui rapetisse au fur et à mesure. Il a peur de perdre la dernière couche qui le protège. Il ne veut pas savoir à quoi il ressemblera quand il sera nu. La solitude, la peur du rejet, voilà des choses bien trop lourdes pour les petites épaules d'un enfant de neuf ans. Et quand tout explose à la fin du roman, on se dit que finalement, il aurait fallu s'y attendre, et pourtant, je n'avais pas imaginé une telle fin. Un fin qui m'a glacée, tant elle est prévisible et impensable à la fois. Bref, un roman magnifique, et je m'aperçois une nouvelle fois de la difficulté à parler d'un livre qui vous touche au plus profond. Je ne peux que vous inciter à le lire. Et je remercie Anne des éditions du serpent à plumes pour m'avoir permis de vivre cette belle expérience.