J'ai lu ce livre dans le cadre d'un partenariat spécial avec Blog-o-book et les éditions JBZ&cie. Je n'avais encore jamais entendu parler de ce livre, ni de son auteur, mais la première de couverture, et surtout le résumé m'ont aussitôt emballée... D'ailleurs, une fois n'est pas coutume, j'ai envie de partager ce résumé avec vous, parce qu'il reflète à merveille le contenu du livre :
"C'est l'histoire ordinaire de gens ordinaires dans une région où il ne fait ni beau ni mauvais. C'est l'histoire d'un peu tout le monde. L'histoire d'une vie fauchée. D'un amour qui s'arrête. D'une mère qui part. D'un mari qui devient veuf. D'un veuf qui ne veut pas le rester. C'est l'histoire de gens qui ne se comprennent pas. D'une soeur qui regrette. D'un frère qui revient. Il y a des petits enfants qui souffrent, qui se taisent. Des filles qui pleurent, qui fument et des chiens qui aboient. C'est l'histoire banale de la vie et de la mort."
L'histoire :
C'est celle de Suzanne qui meurt subitement. Elle a supporté cinquante-trois ans les colères de son époux, se taisant, sacrifiant son propre bonheur pour lui faire plaisir, pour éviter ses emportements. Sa fille, Gabrielle retrace alors la vie entière de cette femme, depuis sa naissance d'une mère volage qui l'abandonne. Confiée plus tard à Mémère, sa grand-mère, Suzanne connaîtra ses seules années de bonheur avant de retourner vivre avec sa mère, qu'elle quittera ensuite pour un autre bourreau :
" Tu t'es laissée glisser sur le sol et tu t'es mise à pleurer comme quand tu étais petite. Quand ta mère posait ta valise devant la porte d'entrée pour te faire croire qu'elle allait se débarrasser de toi si tu n'étais pas sage. Tu n'avais pas six ans. Tu étais sa victime et elle t'exécutait. Tu t'es enfuie d'un monstre pour en épouser un autre."
Je vous parlais dimanche de mes réticences à lire un récit à la seconde personne. J'étais donc très inquiète en ouvrant ce roman où l'on retrouve ce procédé. Mais ici, rien à voir! Je me suis laissée emporter par l'écriture de Fabienne Berthaud dès les premières pages, une écriture particulière. Les phrases sont courtes, le rythme est haché, mais quel bonheur, les mots sont choisis avec soin et leur petite musique sonne juste et vous emporte loin, très loin sur les pas de Suzanne.
La construction du roman est vraiment intéressante, puisqu'elle alterne deux moments : celui de la mort de Suzanne et des jours douloureux qui s'en suivent pour sa famille et celui de son histoire, depuis sa naissance jusqu'à la fin de sa vie. La narration est étonnante, car c'est Gabrielle, la fille de Suzanne qui mène le récit, s'adressant à sa mère par le biais d'un "tu", et même morte, Suzanne apparaît terriblement vivante.
Le destin de cette femme m'a profondément touchée, et même s'il est précisé au début du roman qu'il s'agit d'une fiction et que toute ressemblance serait fortuite, Suzanne, qui meurt pourtant dans les premières pages prend rééllement vie sous nos yeux. Le récit est criant de vérité, et est de ceux qui vous prennent là, quelque part au plus profond de vous-même : j'ai tourné les pages sans m'en rendre compte, le lisant d'une seule traite, osant à peine respirer pour ne pas briser cette bulle magique qui m'entourait. C'est triste, terriblement triste, et certains passages m'ont donné la chair de poule. Je pense que le souvenir de ce livre me suivra longtemps...
Bref, vous l'aurez compris, je tiens ici mon deuxième gros coup de coeur de l'année et je ne peux que vous recommander la lecture de ce petit chef-d'oeuvre, ne serait-ce que pour découvrir ce qui se cache derrière ce joli titre. Un grand, grand merci à BOB et aux éditions JBZ&cie!