J'ai découvert Joyce Carol Oates l'année dernière peu de temps après avoir ouvert ce blog. j'avais lu deux de ses titres avec beaucoup d'intérêt et n'avais pas l'intention d'en rester là. Je suis tombée sur Reflets en eau trouble lors du salon du Livre à Paris, je ne connaissais pas ce titre, mais le résumé sur la quatrième de couverture a réussi à me convaincre très rapidement!
L'histoire :
Kelly Kelleher n'aurait jamais imaginé faire la rencontre du Sénateur lorsqu'elle s'est rendue chez son amie Buffy St John pour les festivités du 4 juillet. Mais très rapidement, ils ont sympathisé et lorsqu'il lui a proposé de quitter, en sa compagnie, l'île où réside son amie, elle a accepté avec joie. Mais il faut rejoindre rapidement l'embarcadère pour la dernière navette, le Sénateur a consommé beaucoup d'alcool, il est très sûr de lui au volant de sa grosse Toyota, il prend une route qu'il pense être un raccourci mais qui les mène droit au milieu des marais. Et au détour d'un virage, c'est le drame, il perd le contrôle et la voiture sombre dans une eau noire. Le Sénateur parvient à s'extirper rapidement du véhicule, mais Kelly reste bloquée, sans que personne ne lui vienne en aide...
Ce roman s'inspire d'un fait réel, l'accident de Chappaquiddick qui impliqua le Sénateur Ted Kennedy en 1969. Ce dernier, après l'accident, revint sur les lieux de la fête pour trouver de l'aide mais refusa de prévenir les autorités. Ces dernières furent prévenues le lendemain par des pêcheurs qui découvrirent le véhicule. Il fut établi que Mary Jo Kopechne aurait pu être sauvée puisqu'elle avait tenu grâce à une poche d'air. Avouez que ce roman a de quoi allécher, et pourtant, j'ai été fortement déçue! Au point que j'en avais même abandonné la lecture avant de m'y remettre quand même me disant que peut-être je passais à côté de quelque chose. Eh bien non. En fait, c'est la construction du roman que je n'ai pas apprécié. L'accident a lieu dès le premier chapitre, et le lecteur se trouve ainsi plongé avec Kelly au fond de cette eau sale et sombre, partageant ainsi ses souvenirs et ses pensées ; ses amis, sa famille, sa rencontre avec le Sénateur et surtout l'espoir auquel elle s'accroche : le Sénateur va forcément venir la sauver. Seulement, rien n'est organisé : alors me direz-vous, c'est sans doute normal, la jeune femme est paniquée, et l'auteur tente de rendre cette panique. Sauf que du coup, la pauvre fille meurt bien trois ou quatre fois... On lit par exemple à la fin du chapitre 25 : " Et l'eau noire lui emplit les poumons et elle mourut" mais dès le chapitre suivant, on replonge dans les pensées de la jeune femme. J'ai vraiment eu l'impression que l'auteur faisait tout pour étirer au maximum un événement qui n'a duré finalement que quelques minutes, et au final, cela donne quelque chose d'assez brouillon, et surtout de très répétitif. Par ailleurs, je m'attendais à lire la réaction des gens, la manière dont le Sénateur tenterait de se disculper puisque ces événements ont provoqué un véritable scandale, je m'attendais à une réflexion sur la justice et la puissance des grands de ce monde. Mais non, rien... Dommage, Joyce Carol Oates tenait pourtant un excellent sujet... Cela ne m'empêchera pas de la relire puisque j'avais apprécié deux autres de ses titres :