La lecture du dimanche
Nous vous parlions le mois dernier de La fortune des Rougon et de notre projet ( à l'initiative de Moka ) de lire l'ensemble de cette série, à raison d'un titre par mois. Nous poursuivons donc ce mois-ci notre lecture des Rougon-Macquart, Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire, avec ce second volume.
L'histoire :
C'est autour du personnage d'Aristide que ce second volume tourne. Aristide est le fils de Pierre et Félicité Rougon. Grâce à son frère Eugène, devenu ministre, Aristide quitte Plassans pour s'installer à Paris avec son épouse Angéle. Il décide alors de changer de nom et devient Aristide Saccard. Avide de pouvoir, et soucieux de s'enrichir quelle que soit la manière, Aristide, à peine veuf, accepte de sauver une jeune fille de bonne famille du déshonneur en échange d'une forte somme. Il épouse Renée et s'emploie alors à gérer le portefeuille de cette dernière, n'hésitant pas à la voler. Tout ce qui compte à ses yeux est son ascension sociale. Aussi ne voit-il rien de ce qui se trame entre son épouse et Maxime, le fils qu'il a eu de son premier lit. Très complices dès les premiers temps, Renée sent le désir monter pour le fils de son époux... Un désir interdit et honteux...
J'avais déjà lu La Curée il y a quelques années lorsque j'étais lycéene. Je gardais donc en tête quelques passages précis que nous avions étudiés alors. Je suis habituellement réticente à l'idée de relire un livre que j'ai déjà lu, mais j'ai décidé de faire une exception pour celui-ci. Je ne sais pas si c'est pour cette raison que j'ai eu un peu de mal à entrer dans ce second opus ou si c'est parce que le premier chapitre est particulièrement descriptif. Il m'a fallu cette fois un temps d'adaptation avant d'apprécier pleinement ma lecture, et j'ai craint tout au long du premier chapitre de devoir abandonner cette lecture. Trop de détails tue le détail, et si le but d'une description est de permettre au lecteur de se représenter les lieux, j'ai eu la sensation ici que tout devenait confus, et que cela tournait au catalogue, notamment lorsque l'auteur nous énumère sur trois pages les différentes variétés de plantes que l'on trouve dans la serre des Saccard...
Mais heureusement, dès le second chapitre, j'ai retrouvé la plaisir que j'avais ressenti à la lecture de La Fortune des Rougon, et je me suis une nouvelle fois régalée... La langue de Zola est toujours aussi savoureuse, mais ce que j'ai aimé par dessous tout ici, c'est l'explosion de débauche, de coups bas, de manipulations... Saccard n'a rien à envier à Félicité, il ne recule devant rien pour s'enrichir, il est corrompu jusqu'à la moelle, allant même jusqu'à voler sa propre femme. Quel délice de le voir ainsi organiser son crime : il est vile, mais aussi terriblement intelligent lorsqu'il est question d'argent.
Par contre, dès lors qu'il est question de sentiments, il fait figure d'idiot. En effet, obnibulé par sa fortune, il ne réalise pas ce que sa femme a pris un amant, et que ce dernier n'est autre que son propre fils. Et là, je pense que ça valait la peine de relire ce roman, car je ne me souvenais pas que c'était aussi chaud! Je me suis étonnée à plusieurs reprises d'avoir pu lire ce roman au lycée et être passée à côté de l'érotisme de certaines scènes... Et j'ai été subjuguée par cette relation passionnelle et destructrice qui naît entre ces deux personnages. A aucun moment, je n'ai été choquée par cette relation qualifiée d'incestueuse. D'abord, parce qu'il n'y a aucun lien du sang qui unit Renée et Maxime, et que seule la morale leur interdit finalement cette relation. Par respect envers Aristide, le père et l'époux. Mais ce dernier étant en fait lui-même si peu respectueux des convenances, j'ai trouvé que c'était le juste retour du bâton! Et je me suis beaucoup amusée de la manière dont il est berné. Et puis Renée est jeune, elle pourrait d'ailleurs être la fille d'Aristide, et j'aurais davantage envie de condamner cette union, lorsqu'on sait dans quelle circonstance elle a été faite...
Mais autres temps, autres moeurs... et je comprends que ce roman ait pu choquer en son temps... Pour ma part, je me suis régalée, et il me tarde maintenant de poursuivre l'aventure dès le mois prochain! En attendant je vous invite à aller lire l'avis de Stéphie.