La lecture du dimanche
L'aventure Zola continue avec, ce mois-ci déjà le quatrième opus des Rougon-Macquart. Une aventure, qui je pense n'est pas prête de s'arrêter, puisque c'est toujours avec autant de plaisir que je me suis plongée dans cette lecture, en compagnie de Stéphie.
L'histoire:
Après deux volumes se déroulant à Paris ( La curée et Le ventre de Paris ), nous voilà de retour à Plassans qui conserve des séquelles du 2 décembre ( La fortune des Rougon ) et qui voit ses habitants en désaccord. Chez les Mouret, on ne songe guère à s'occuper de politique. Marthe a beau être la fille de Félicité, elle reste à l'écart des manipulations politiques de cette dernière pour élever tranquillement ses trois enfants : Désirée -une adolescente un peu simplette-, Octave et Serge. Elle ne se préoccupe d'ailleurs pas davantage de religion, et fait partie des rares habitantes de Plassans à ne jamais se rendre à l'église. Aussi voit-elle d'un mauvais oeil l'annonce que lui fait son époux un soir : il a loué le deuxième étage de leur maison à l'abbé Faujas qui arrive de Besançon. Ce dernier s'installe avec sa mère dans le plus grand dénuement. Ils sont si discrets que les Mouret ne les croise jamais. Pourtant, peu à peu ces locataires vont modifier la vie de leurs propriétaires, notamment parce qu'on raconte en ville les pires horreurs sur cet abbé qui serait arrivé à Plassans par punition. Mouret commence donc à l'espionner... mais il est loin d'imaginer jusqu'où l'arrivée de Faujas va bouleverser sa tranquille vie de famille...
Que dire sans répéter une nouvelle fois que c'est un plaisir immense de retrouver la plume de Zola? La conquête de Plassans est sans doute le roman le plus facile à lire des quatre dont je vous ai parlé jusqu'à présent. Ici, contrairement aux trois premiers volumes, les chapitres sont courts et permettent de dynamiser la lecture. Je n'aime pas vraiment devoir m'arrêter au milieu d'un chapitre, mais lorsqu'ils font plus de cinquante pages, il est parfois difficile de faire autrement. Ici, les pauses sont plus nombreuses, ce qui facilité vraiment la lecture.
Concernant l'intrigue, j'ai apprécié de retrouver certains personnages rencontrés dans le premier tome et de pouvoir faire le lien avec ceux qui sont au centre de l'histoire : les Mouret. Et quelle histoire! Zola décortique une nouvelle fois à merveille les rapports humains, et notamment la faculté qu'ont certains à manipuler sournoisement leur entourage. L'hypocrisie est au centre de la Conquête de Plassans, qu'elle soit religieuse ou non. Mais elle est sans doute encore plus choquante, et de fait savoureuse, lorsqu'elle l'est! En effet, la lutte pour le pouvoir ne s'arrête pas à la mairie, on complote aussi à l'évêché.. Les grenouilles de bénitiers n'ont qu'à bien se tenir! L'évolution des personnages se fait lentement, mais on la sent venir dès les premiers chapitres, et la manière dont le couple Mouret se déchire peu à peu fait véritablement froid dans le dos. De l'amour à la haine ( et inversement de la haine à l'amour ), il n'y a qu'un pas et il nous faut aussi enjamber la folie. L'ombre de tante Dide, désormais internée, plane toujours au-dessus de sa descendance...
Bref, une quatrième lecture réussie, peut-être même ma préférée jusqu'à présent! Allons voir ce qu'en a pensé Stéphie!