Et voilà, c'est enfin le jour de publier nos billets autour d'Emmanuel Carrère et je sais que certaines ( dont moi )l'attendaient avec impatience. J'ai choisi ce titre pour découvrir l'auteur parce que j'avais très envie de le lire depuis le billet de lasardine.
L'histoire :
Nicolas a neuf ans et doit partir deux semaines en classe de neige. Dès les premières pages, il apparaît comme un enfant fragile que ses parents surprotègent. En effet, un accident d'autocar a eu lieu dix jours plus tôt et son père préfère l'emmener en voiture au cas où une nouvelle catastrophe se produirait. Mais Nicolas est un petit garçon replié sur lui-même et cela ne fait que l'écarter du groupe. D'ailleurs, le sort semble s'acharner contre lui, puisqu'il oublie son sac de voyage dans le coffre de la voiture. Ensuite, plusieurs événements, qui séparément auraient pu paraître anodins, s'enchaînent : l'étau se reserre autour du petit garçon qui voit ses peurs enfantines se transformer en réalité. Le drame se prépare, sans qu'on ne sache exactement quelle forme il va prendre.
Dès les premières lignes, on sent que quelque chose ne tourne pas rond : ce petit garçon craintif a aussitôt su me toucher. Il a le profil idéal du bouc émissaire, celui dont on se moque sans soupçonner à quel point la blessure est profonde. Celui qui souffre en silence, qui n'ose pas se défendre et qui se laisse malmener par ses camarades. Une expérience terrible pour un enfant. Alors quand le sort s'acharne, on aurait envie de prendre ce petit dans nos bras, de le rassurer, de le protéger. Il faut dire que l'auteur sait trouver les mots : Patrick, qui était chargé de son dortoir, vint lui ébouriffer les cheveux et lui dit de ne pas s'en faire : tout allait bien se passer. Et si quelque chose n'allait pas, il viendrait lui en parler à lui, Patrick, c'était promis? Nicolas promit, partagé entre le réconfort réel que lui donnait cette assurance et l'impression pénible que tout le monde s'attendait à ce que quelque chose n'aille pas pour lui. Même si, du point de vue d'un adulte, certaines choses ne sont que de petits détails : ayant oublié son sac, Nicolas n'a pas de pyjama, et personne ne se porte volontaire pour lui en prêter un. Lui-même n'est pas très à l'aise avec cette idée puisqu'il lui arrive encore de faire pipi au lit. La tension monte petit à petit et l'auteur crée une atmosphère inquiétante, sombre : on sent bien que tout ceci va mal se terminer, mais on n'est bien loin d'imaginer ce qui nous est réservé. Et lorsque l'on commence à entrevoir, on se dit que non, ce n'est pas possible, que c'est trop injuste, et pourtant... Vous l'aurez compris, j'ai adoré ce livre dont on tourne les pages s'en même s'en rendre compte. Il n'est pas très long, mais il n'est pas besoin d'en dire plus : tout y est.
Je suis donc ravie de cette première lecture d'Emmanuel Carrère, et je pense que d'autres suivront bientôt. J'ai d'ores et déjà La Moustache dans ma PAL, et je pense qu'avec les billets que je vais pouvoir lire aujourd'hui, d'autres titres viendront très vite s'y ajouter. Vous pouvez d'ailleurs consulter la liste de ces billets dans l'article ci-dessous.