Les vacances ont à peine commencé que je me plonge dans un livre sur les profs, écrit par une prof. Ce n'est pas vraiment le moment, me direz-vous... Et pourtant, voilà une lecture idéale pour bien démarrer les vacances, avec le sourire! Avec un tel titre, le ton était donné...
L'histoire :
Princesse Soso enseigne l'anglais dans un collège de campagne, ou plutôt elle essaie d'enseigner l'anglais sans trop saigner... Dans ses classes, il y a plusieurs types d'élèves : les trop choupis, même qu'on a envie de les embrasser, les futures prostiputes, les psychopathes du compas... Et quand en plus, les parents s'en mêlent et prennent la défense de Kévvin( avec deux v, s'il vous plait ) ou de Paquita, il ne reste qu'une seule solution pour ne pas devenir dépressif ou alcoolique : RE-LA-TI-VI-SER et rire, beaucoup!
Et en effet, le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on rit en découvrant les chroniques de Princesse Soso, à la fois terriblement réalistes - si bien que cela pourrait faire peur aux non-initiés, aka tous ceux qui ne sont pas dans les intimes de Ray Ktorah ou de la CIA ( les clowns de l'inspection académique )- et un poil déjanté par le ton adopté. En effet, Princesse Soso manie l'ironie, les jeux de mots, et les mises en situations avec brio, formant ainsi un cocktail hilarant!
La construction de ces chroniques est particulièrement ingénieuse puisqu'elle suit le cours d'une année scolaire. Elles sont ainsi divisées en trois grandes parties que sont les trimestres, et permettent d'aborder de nombreux thèmes. On suit ainsi la classe de 6è B[isounours] dont Princesse Soso a la chance d'être prof principale, on assiste aux rencontres avec les parents- parfois surréalistes, au remplissage des bulletins- avec la traduction ... Tous les moments de doute, de démotivation, les incidents à gérer, les insultes sont tournés en dérision. Princesse Soso, un peu comme Figaro se presse de "rire de tout, de peur d'être obligé[e] d'en pleurer", du moins c'est ainsi que j'ai compris ces chroniques.
Néanmoins, Princesse Soso reste une enseignante dévouée, qui aime son métier et qui le fait du mieux qu'elle le peut. C'est ce qui rend ces chroniques si intéressantes. Certes, elle se moque du système, de ses élèves, des parents, sans prendre aucune pincette, mais elle évoque aussi au détour d'une page ou d'une autre, ces petits moments de bonheur, qui nous rappellent à quel point nous faisons le plus métier du monde...
Un petit extrait des bulletins du deuxième trimestre pour vous donner le ton :
Manolito, version officielle
"Manolito ne s'est toujours pas sérieusement mis au travail. Son attitude envers la gent féminine est souvent déconcertante, voire choquante, et nuit à ses résultats. De plus, ses absences répétées et souvent injustifiées le pénalisent fortement car les leçons manquées ne sont pas correctement rattrapées et apprises. Il na faut pas prendre sa scolarité à la légère."
Manolito, version officieuse
"Manolito n'en branle pas une ( sauf peut-être la sienne, la nuit, sur les pages du catalogue Quelle automen - hiver 1987 ou sur le MMS d'Alyssa à quatre pattes sur son lit entre un paquet de clopes et une peluche Dora l'exploratrice ) . Et dans la mesure où sa famille pense que l'école c'est troooooooooop Fleury-Mérogis featuring Cayenne, on n'est pas rendu les mecs. Donc, si vous ne voulez pas que les services sociaux débarquent dans votre baraque, on vous conseille d'envoyer un peu plus régulièrement vos chiards à l'école, bordel. Dernier avertissement."
Une mention spéciale également pour la comparaison entre l'heure de perm' version 1993 ( dans laquelle je me suis totalement reconnue ) où l'on trouve parmi les nombreuses activités des élèves :
*Ecrire à l'encre turquoise des mots d'amitié dans l'agenda Naf-Naf des copines : "Je te laisse de la pointe de mon stylo plume mais pas de celle de mon coeur."
et l'heure de sperm en 2009 :
*Ecrire dans son agenda Quicksilver des aphorismes dignes de Jean-Jacques Larusso : " J'aiime pas les chaudasses qui font leur chaudière par derriiere paniike leur mère quand elle doive emballer leur keum."
J'arrête là car je me rends compte que je pourrais citer tout le livre... En un mot, lisez-le! D'ailleurs, je serais curieuse de connaître l'avis de lecteurs non-profs...