J'avais repéré ce livre chez Moka il y a quelques mois déjà, et comme tout vient à point à qui sait attendre, j'ai eu l'occasion de me plonger dedans puisqu'on me l'a prêté... Par contre, je n'ai pas trouvé de visuel avec la première de couverture que j'ai eue entre les mains. Disons qu'il s'agit exactement de la même sauf que le fond est blanc, et je dois reconnaître que je la préfère largement à ce jaune qui agresse les yeux...
Ce livre est une autobibliographie. Annie François nous confie donc ce que représentent les livres pour elle et la relation qu'elle entretient avec eux depuis toujours. Le livre est divisé en nombreux chapitres très courts qui portent sur une foule de sujets en lien avec la lecture : Annie François nous parle de ses livres, ceux qu'elle emprunte, ceux qu'elle possède, ceux qu'elle jette aussi... Elle nous parle aussi de cette relation presque charnelle avec eux : la poussière qui les recouvre, le bruissement des pages que l'on tourne, l'odeur qui les caractérise. Elle nous confie également quelques-unes de ses expériences de lectrice : la lecture dans le métro, la lecture dans le bain et cette envie irrépressible qu'elle a eu un jour de plonger l'un de ses livres dans l'eau, les moments de partage avec son concubin lui-aussi lecteur... Ce livre est une succession de petits tableaux tantôt émouvants, tantôt drôles, tantôt agaçants aussi je dois le reconnaître!
Oui, parce que le lecteur ( moi en l'occurence ) s'identifie forcément à l'auteur en lisant ce livre et compare donc sa propre expérience avec celle d'Annie François, qui je dois l'avouer m'a parfois fait sortir de mes gonds... J'ai déjà eu l'occasion de vous en parler, les livres sont pour moi sacrés et je ne supporte pas qu'on écrive dessus, qu'on les corne, qu'on les malmène... C'est sans doute très bête mais j'aime qu'un livre garde son aspect neuf. Alors imaginez mon effroi quand j'ai lu que pour alléger les livres trop lourds à transporter sur la plage, Annie François en arrachait les pages au fur et à mesure, pages qu'elle dispersait de poubelle en poubelle! Sacrilège! Qu'est-ce que c'est que cette idée de consommer le livre comme un vulgaire paquet de mouchoirs? Un livre, ça se respecte ma bonne dame!
Bon, j'avoue, j'exagère un peu parce que finalement, j'ai aimé cette lecture. L'auteur partage avant tout son amour des livres et je me suis retrouvée aussi dans certaines de ses habitudes... notamment dans cette difficulté à prêter. Je suis très possessive avec mes livres et je les prête très rarement. J'en emprunte également très peu parce que je ne supporte pas de devoir me séparer d'un livre que j'ai aimé. D'ailleurs, l'auteur explique cela très bien : Je souhaiterais le garder pour le relire. Je vais l'acheter, d'ailleurs. Mais il aura l'air tout couillon, lu mais pas même ouvert. Ce que j'aimerais, c'est garder cet exemplaire là et rendre le neuf. Mais voilà, le prêteur n'est pas d'un autre bois que moi. Il aime son exemplaire, qui est un peu devenu le mien. La situation est d'autant plus cocasse que ce livre, on me l'a prêté, comme je vous le disais plus haut. Mais que la prêteuse se rassure, je n'ai pas l'intention de faire main basse sur cet exemplaire et de lui en substituer un autre! Une précision cependant : contrairement à Annie François, je ne garde pas pour relire car je déteste ça... Je garde parce que ces livres font partie de moi, de ma vie. J'ai envie de comparer ça aux photos. Elles permettent de figer un moment de notre vie, d'arrêter le temps en quelque sorte et de revivre le moment à l'infini. D'ailleurs, tout comme je garde les photos un peu floues, un peu ratées, je garde également les livres que je n'ai pas aimés, voire détestés. Parce qu'eux aussi font partie de mon histoire.
Finalement, je m'aperçois qu'au lieu de vous parler de ce livre, je vous parle beaucoup de moi... Sans doute parce qu'il invite le lecteur à réfléchir sur sa propre autobibliographie. Dans ce cas, le pari est gagné!