Ce livre a été beaucoup commenté sur les blogs ces derniers temps, et les avis mitigés voire négatifs que j'avais pu lire ici ou là ne m'incitaient pas à me plonger dans cette lecture. Je me suis finalement décidée car il fallait bien que je me fasse mon propre avis. Eh bien, même si je n'ai pas été transportée par cette lecture, elle n'en reste pas moins très agréable.
L'histoire :
Dans la cale de L'utile, un navire français, se trouve une cargaison clandestine d'esclaves. Le capitaine Lafargue, soucieux d'en perdre le moins possible durant le voyage et d'arriver avant ses concurrents emprunte une route inhabituelle, malgré les recommandations de ses officiers. Soudain, le bateau vient heurter un récif et fait naufrage près de l'île du Sable, un minuscule bloc de corail sur lequel trouvent refuge les rescapés.
Castellan, l'un des officiers prend les choses en main car "rester c'est mourir". Le plus urgent étant d'apaiser la soif, les quelques barils d'eau récupérés ne permettant de tenir que peu de temps, il décide de creuser un puits. Il se lance ensuite dans la construction d'un bateau qui, il l'espère, leur permettra de rejoindre Madagascar. Trouvant peu de main d'oeuvre parmi ses marins, il se tourne alors vers le camp des Noirs, lesquels viennent immédiatement prêter main forte. Pourtant, cette embarcation ne sera pas assez grande pour emmener tout le monde, et Castellan se voit obligé d'abandonner les esclaves sur l'île, leur promettant toutefois qu'il viendra les rechercher...
J'ai apprécié la lecture de ce roman inspiré de faits réels, et j'y suis entrée assez facilement malgré mes craintes. En effet l'écriture est fluide et agréable à lire. Le thème abordé ne correspond pas vraiment à ce que je lis habituellement mais je suis rapidement entrée dans l'histoire, probablement parce que j'étais fascinée par la véracité de ces faits. Par contre, j'ai regretté que la quatrième de couverture ne se contente pas de résumer le début des événements mais donne les clés de la totalité de l'histoire ; cela a ôté à ma lecture une grande part de suspense et donc de plaisir. Est-ce que Castellan va réussir à construire son bateau? Celui-ci permettra-t-il de sauver les naufragés? Les Noirs vont-ils survivre sur l'île? Ira-t-on les rechercher? Les réponses à ces questions, je les connaissais avant d'entrer dans le roman. D'ailleurs, c'est sans doute ce terme de "roman" qui pose problème... Irène Frain écrit dans l'avant-propos que Max Guérout " rêvait qu'un écrivain, par la grâce d'un récit, donne vie à cette masse d'archives et d'objets qu'il venait d'arracher à l'ensablement de l'oubli." J'avoue avoir eu du mal à y voir un simple récit, on est parfois plus proche du documentaire, notamment parce qu'Irène Frain cite régulièrement ses sources, les confronte et les interroge. Tout ceci m'a intéressée mais je comprends que certains, s'attendant à lire un roman, aient pu être déçus par cette lecture.
Je remercie Suzanne de Chez les filles ainsi que les éditions Michel Lafon.