J'avais eu l'occasion de lire quelques articles sur ce livre et j'étais assez tentée par cette lecture. Les premières lignes de la lettre, que l'on peut d'ailleurs lire sur la quatrième de couverture étaient très prometteuse : " Tu vas avoir quatre-vingt deux ans. Tu as rapetissé de six centimètres, tu ne pèses que quarante-cinq kilos et tu es toujours belle, gracieuse et désirable. Cela fait cinquante-huit ans que nous vivons ensemble et je t'aime plus que jamais."
En effet, dans cette lettre, André Gorz revient sur la magnifique histoire d'amour qu'il a vécue avec sa femme Dorine. Il souhaite lui dire tout ce qu'il ne lui a jamais dit et surtout à quel point elle fut importante pour lui. Il retrace ainsi leur histoire, depuis leur rencontre, jusqu'à leurs vieux jours, alors que Dorine tombe gravement malade et que la mort se profile.
J'ai beaucoup aimé les premières et les dernières pages qui correspondaient à ce que j'attendais de cette lettre : une déclaration d'amour touchante d'un homme qui aime toujours autant sa femme après plus de cinquante ans de vie commune. Dans les premières pages, il narre leur rencontre, dont il se souvient avec précision. Certains passages sont très sensuels. La fin, quant à elle, pose le problème de la maladie : comment vieillir ensemble lorsque l'un des deux est physiquement réduit? Et surtout comment affronter la mort prochaine. " Nous aimerions chacun ne pas avoir à survivre à la mort de l'autre" écrit André Gorz. Cette phrase prend tout son sens lorsque l'on apprend qu'André et Dorine ont choisi le suicide pour résoudre ce problème.
Pourtant, tout la partie centrale de la lettre m'a profondément ennuyée... et j'y ai surtout vu un prétexte pour revenir sur sa propre carrière littéraire. Il suffit de voir le nombre de fois où son oeuvre phare Le traître est mentionnée dans la lettre! Mais aussi le nombre de citations qu'il fait de ses propres écrits. J'ai trouvé cela assez égocentrique et le personnage de Dorine est alors effacé...
Bref, un avis plutôt mitigé... Peut-on en attendais-je trop de cette écrit qui se voulait avant tout intime?
" Etre passionnément amoureux pour la première fois, être aimé en retour, c'était apparemment trop banal, trop privé, trop commun : ce n'était pas une matière propre à me faire accèder à l'universel. Un amour naufragé, impossible, ça fait au contraire de la noble littérature."