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7 mars 2009 6 07 /03 /mars /2009 09:22
 

Après avoir découvert cet auteur en lisant Nous étions les Mulvaney , j'avais envie de remettre ça et de lire un autre titre. Et là, j'ai réalisé à quel point sa bibliographie est fournie : quarante-cinq titres répertoriés à la fin du livre! Mon choix s'est porté sur Viol, une histoire d'amour pour deux raisons : la première c'est ce titre oxymorique et proprement dérangeant qui m' a aussitôt interpellée dans le rayonnage de la librairie ; la seconde c'est l'épaisseur du livre, je n'avais pas envie de me replonger de suite dans un pavé et j'avais envie de la découvrir dans un roman plus court.


 

 

L'histoire :


Tina Maguire passe la soirée du 4 juillet 1996 chez son ami Casey. C'est le soir du feu d'artifice à Niagara Falls et après la fête, les esprits sont échauffés. Bethie, la fille de Tina s'est endormie sur le canapé. Il est temps de rentrer, mais Tina refuse que Casey les raccompagne en voiture, elle a envie de marcher. Première erreur. La seconde erreur sera le choix de l'itinéraire : Tina emprunte le sentier de l'étang parce que « c'est si joli ». Sur le chemin Tina et sa fille croisent une bande de jeunes ivres et complétement défoncés qui vont les traîner jusqu'au hangar à bateaux non loin de l'étang. Bethie, après avoir été violemment battue parvient à s'échapper des griffes de son agresseur, trop ivre pour la retenir, et se cache dans un recoin du hangar. Elle assiste, effrayée, au viol de sa mère par les huit agresseurs qui laissent Tina pour morte, baignant dans son sang... Pourtant, ce ne sont pas les agresseurs qui sont condamnés par la population, mais Tina elle-même :


« Vous savez quoi : Tina Maguire était probablement en train de boire des bières avec ces types. De fumer de la drogue avec ces types. Elle a peut-être laissé entendre qu'elle aimerait être payée pour quelque chose? En liquide ou en drogue. Une femme comme ça, trente-cinq ans et habillée comme une adolescente. [...] Des vêtements sexy qui lui moulent les seins, les fesses, elle s'attendait à quoi? »


Tout comme dans Nous étions les Mulvaney le poids de la société est déterminant dans ce roman. Tina est veuve depuis quatre ans, elle élève donc seul sa fille, et oui, elle a eu plusieurs relations depuis. Ce qui n'est pas du goût de tout le monde. « Cette femme. C'était couru. Elle le cherchait, cette garce. Habillée comme une pute. »

Et cela la poursuit jusqu'au procès. Bethie n'a pas vu la scène, elle l'a juste entendue. Et après tout c'est sa parole contre celle des agresseurs, lesquels ont un avocat prêt à tout, même au plus aberrant des mensonges pour innocenter ses clients.

Mais d'une manière ou d'une autre, justice sera faite, et c'est là que le titre du roman prend tout son sens. Mais je ne peux en dire plus sans vous gâcher le plaisir de la lecture. Lisez-le! Même si certains passages sont difficiles, même si on a envie de hurler à l'injustice, on s'attache aux personnages, notamment à Bethie.

Par contre, je m'interroge de nouveau sur le choix de la narration : une narration à la deuxième personne du singulier, le narrateur s'adressant directement à Bethie devenue adulte. Mais encore une fois, l'auteur ne s'y tient pas dans tout le livre ( il est vrai que c'est un exercice difficile ) et plusieurs chapitres peuvent se suivre avec une narration à la troisième personne. Est-ce ainsi dans tous les romans de l'auteur?


Ce livre m'a rappelé Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur dans sa critique de la justice qui n'est pas toujours aussi "juste" qu'elle le devrait :


«  La parole de cette femme contre la leur. Tout le monde peut crier au viol. Un doute raisonnable, c'est tout ce qu'il faut à un jury. Qui peut prouver, réfuter? »



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