Adolescente, j'aimais beaucoup lire ce genre de récits-témoignages, alors quand je suis tombée sur ce livre à la librairie, je me suis dit : « Pourquoi pas? ». Et bien, c'est indéniable maintenant, j'ai grandi...
L'histoire :
Valérie a quinze ans quand elle écrit ce qu'elle a vécu deux ans auparavant : un internement dans un hôpital au pavillon des enfants fous pour anorexie mentale. Elle refuse de se nourrir et ne pèse plus que trente kilos quand sa mère décide de l'interner. Valérie raconte donc son périple qui a duré quatre mois. Dans un premier temps, elle refuse totalement de s'alimenter et de communiquer avec infirmiers, psychologues et psychiatres. Mais elle se rend vite compte que si elle veut sortir de cet enfer, il lui faut entrer dans leur jeu, se remettre à manger, prendre du poids, en considérant qu'une fois sortie, elle sera de nouveau libre de faire ce qu'elle veut de son corps...
J'ai lu le début de ce témoignage avec beaucoup d'intérêt. Valérie nous offre un regard sur le monde médical, et très vite, on comprend à quel point les « soins » ne sont pas adaptés à ce dont elle souffre : cela se résume en effet à un chantage, elle est enfermée dans une chambre où il n'y a qu'un lit et une table pour manger. On lui a retiré toutes ses affaires personnelles, ne lui laissant qu 'un pyjama et les grammes constituent la monnaie d'échange. Tu prends cinq-cent grammes et tu as droit à un livre, tu prends trois kilos et tu as droit à une visite... etc. Et si ce « traitement » se révèle efficace, on comprend bien qu'à leur sortie les anorexiques replongeront forcément puisque si le mal du corps a été soigné, celui de l'âme n'a pas été pris en considération du tout...
Mais je me suis très vite ennuyée. En effet, j'ai eu l'impression de tourner en rond, de ne pas véritablement avancer, sans doute à l'image de ce que ressent Valérie lorsqu'elle vit ces événements mais les répétitions et les confusions se font de plus en plus nombreuses. Finalement, seule la haine qu'elle voue aux médecins et à sa mère semblent guider l'écriture, et il manque, je pense, un certain recul. J'aurais aimé qu'elle se livre davantage sur ce qu'elle ressentait au moment de l'écriture, deux ans après les événements. Peut-être l'a-t-elle écrit trop tôt? Ou peut-être l'ai-je lu trop tard?
Quelques extraits :
« J'espère qu'ils vont au moins me laisser mourir comme je veux... Je sais que la torture consiste à vous faire vivre malgré vous. N'est-ce pas plus terrible que de vous dérober la vie lorsque vous voulez la garder? »
« Ah! Bon, vous m'amenez gentiment un plateau. « Tu sais, je pourrais te laisser mourir de faim. » C'est déjà fait mais ce n'est malheureusement pas moi qui suis morte, c'est seulement la faim. »